Discours de M. Zhao Jinjun, Ambassadeur de chine en France, au petit-dejeuner conférence « Comment réussir en Chine »
2005-02-03 00:00

Le 27 janvier 2005, S.E.M. ZHAO Jinjun, Ambassadeur de Chine en France, a prononcé un discours lors du petit-déjeuner conférence « Comment réussir en Chine » à l'Hôtel Ritz de Paris.

Ce petit-déjeuner conférence a été organisé, sur l'initiative de M. Bernard Kleinmann, Directeur Général de BOOZ ALLEN HAMILTON, spécialement pour les grandes entreprises françaises. Les patrons d'Alstom et de Danone ont, parmi autres, honoré de leur présence.

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Monsieur le Directeur général Bernard Kleinmann,

Chers Amis entrepreneurs,

Je suis content d'être parmi vous à ce petit-déjeuner débat, qui est le troisième du genre que j'ai eu, cette semaine, avec le monde des affaires. Des grandes entreprises que vous représentez ici, beaucoup sont entrées très tôt en Chine. Connaisseurs de la Chine, vous êtes également témoins de la réforme et de l'ouverture de cette dernière. Maintenant, les Français sont toujours plus nombreux à vouloir connaître la Chine, et un nombre croissant d'entreprises françaises souhaitent explorer le marché chinois, c'est un élan très positif. En tant qu'ambassadeur, je me sens encouragé.

Les relations sino-françaises sont au beau fixe. Les Chefs d'état de nos deux pays se sont rendu visite dans le courant de l'année 2004. C'est une toute première dans l'histoire de nos relations bilatérales. La Chine et la France ont organisé pour la première fois des Années croisées. Des manifestations exceptionnelles ont eu lieu, comme l'illumination en rouge de la Tour Eiffel, le grand défilé sur les Champs-Elysées, le show aérien de la Patrouille de France au-dessus de la Grande Muraille et l'illumination en bleu, blanc, rouge de la porte Zhengyang. Tout cela a permis d'approfondir la connaissance et l'amitié entre nos deux peuples et de promouvoir une coopération tous azimuts. Nous pouvons dire que nos relations sont entrées dans la meilleure période de leur histoire.

Ce qui est particulièrement réjouissant, c'est que nos coopérations économiques et commerciales ont enregistré des résultats remarquables ces deux dernières années. Selon les statistiques chinoises, le volume des échanges commerciaux entre nos deux pays a accru de 60% en 2003 et de 32% en 2004 pour atteindre 17 milliards USD. Nous nous trouvons dans une période marquée par la croissance la plus rapide des flux commerciaux bilatéraux depuis l'établissement des relations diplomatiques. L'année dernière, la Chine a dépassé le Japon pour devenir 1er partenaire commercial de la France en Asie.

Dans les domaines que la Chine considère comme prioritaires pour son développement, à savoir l'énergie, le transport, la télécommunication, l'agriculture et la protection de l'environnement, les grandes entreprises françaises détiennent des atouts technologiques et des expériences réussies de partenariat avec l'extérieur.

Prenons l'exemple de l'électronucléaire. La Chine va construire, d'ici 15 ans, une trentaine de centrales nucléaires. A terme, la production électrique d'origine nucléaire, qui ne compte que 1% de la production totale du pays, devrait atteindre 4%. La France est le 1er et aussi le plus important partenaire de la Chine dans ce domaine. De larges perspectives s'ouvrent à notre coopération nucléaire.

En matière d'automobile, la société DPCA (Dongfeng Peugeot Citroën Automobile) a introduit en Chine le dernier modèle du groupe PSA et a un effet d'entraînement qui a favorisé l'entrée des PME françaises en Chine. Aujourd'hui, Renault prépare une entrée de grande envergure sur le marché chinois. Le gouvernement chinois s'est fixé l'objectif de faire du secteur de l'automobile le secteur pilier de l'économie nationale. En 2005, 3,2 millions de véhicules seront fabriqués, dont 1,1 million de voitures.

Dans le domaine de transport ferroviaire, Alstom et Changchun Railway Company ont signé, en 2004, un accord de partenariat pour construire des trains à 250 km à l'heure. Ce qui contribue à l'intensification de notre coopération en matière de train à grande vitesse. 2005 sera marqué par une vague de construction ferroviaire, et 100 milliards de yuans seront investis. Et on procédera à une accélération du train jusqu'à 200 km à l'heure. 23 projets pilotes seront lancés. En 2020, les chemins de fer chinois seront longs de 100 mille km. La coopération sino-française a devant elle de larges perspectives.

Il y a juste quelques jours, j'ai assisté à Toulouse au lancement de l'A380. C'était très impressionnant. Le PDG de la compagnie China Southern Airlines, qui s'est aussi rendu à Toulouse, m'a dit que Southern Airlines est prête à acheter A380. On aura la bonne nouvelle dans les prochains jours.

Mesdames et Messieurs,

Depuis le lancement de la réforme et de l'ouverture il y a plus de 25 ans, la croissance économique annuelle de la Chine est de 9% en moyenne. En 2004, le PIB a accru de 9,5% pour atteindre 1 500 milliards USD. Le volume du commerce extérieur a dépassé pour la première fois 1 100 milliards USD. Ce qui place la Chine au 3e rang mondial, après les Etats-Unis et l'Allemagne. Aujourd'hui, l'économie chinoise poursuit sa croissance soutenue et régulière, le niveau de vie de la population s'améliore considérablement. Tout cela favorise une plus grande présence française en Chine. A part des secteurs industriels, d'autres secteurs tels que le service, y compris la banque et l'assurance, ainsi que les cosmétiques de haute gamme, l'agroalimentation et la grande distribution offrent également des opportunités exceptionnelles à saisir pour les entreprises françaises.

Aujourd'hui, la classe moyenne chinoise représente plus de 80 millions d'habitants. Le logement, la voiture et la télécommunication sont devenu de nouveaux pôles de consommation. La longueur des autoroutes en Chine sera passée de 30 mille km aujourd'hui à 85 mille km en 2020, soit proche de 88 mille km aux Etats-Unis. En 2004, le trafic annuel de tous les ports chinois a atteint 4 milliards de tonnes. Et le port de Shanghai aurait la chance de devenir le plus grand ou le deuxième plus grand port dans le monde.

Cependant, il ne faut pas perdre de vue que la Chine reste toujours un pays en développement, dont le PIB par tête d'habitant franchit à peine le cap de 1 000 USD. Elle fait face à nombre de difficultés et de défis. J'en cite les principaux : premièrement, le développement est encore déséquilibré sur le plan économique et social, et il existe un grand écart du niveau de développement entre l'Est et l'Ouest, entre la ville et la campagne ; deuxièmement, notre croissance rapide s'accompagne d'irrationalité dans la structure économique et le mode de croissance ; troisièmement, le problème de l'environnement se pose de façon aiguë et appelle de gros efforts pour y remédier ; quatrièmement, avec une augmentation nette de 10 millions d'habitants chaque année, une forte pression démographique se fait toujours sentir, en même temps, le problème de vieillissement de la population point à l'horizon.

Bref, le chemin reste long à parcourir, mais la Chine est déterminée à poursuivre sa politique de développement durable selon un concept scientifique. Elle doit compter sur ses propres efforts et aussi mener sa coopération avec le monde extérieur. C'est en se développant qu'elle règlera les problèmes et surmontera les difficultés.

Mesdames et Messieurs,

Comme je vous ai dit, les relations sino-françaises n'ont jamais été aussi bonnes. Mais par rapport à l'excellente relation politique et aux échanges culturels très intenses, la coopération économique et commerciale semble prendre du retard. Les statistiques de la douane chinoise montrent qu'en termes de flux commerciaux avec la Chine, la France se situe seulement au 4e rang au sein de l'Union européenne. Et les produits français n'occupent que 1,4% de parts de marché chinois. Ces résultats ne sont point satisfaisants. C'est aux autorités des deux pays et aussi aux entreprises chinoises et françaises de redoubler leurs efforts pour renforcer leur coopération.

Force est de constater que le marché chinois est immense et comporte de grandes différences entre les régions. Le gouvernement chinois a lancé une série de mesures pour favoriser l'investissement, encourager les investisseurs extérieurs à venir explorer des pistes de coopération. Il les incite notamment à participer aux projets stratégiques de développement de l'Ouest et de redressement des vieux bassins industriels du Nord-Est de la Chine. Certes, les conditions d'implantation sont parfois difficiles à l'intérieur de la Chine, mais ces régions possèdent leurs propres atouts : des ressources abondantes, une main d'œuvre bon marché, un grand potentiel du marché et un taux de réussite plus élevé. Je souhaite sincèrement que les entreprises françaises aient une meilleure connaissance de la Chine et de leurs partenaires chinois, adoptent une stratégie plus souple : transferts de technologies, partenariat de production, offre tarifaire avantageuse, participent activement aux appels d'offres internationaux, valorisent pleinement leur rôle de moteur pour favoriser l'entrée en Chine de davantage de PME/PMI françaises. Je suis convaincu que dans le contexte exceptionnel des relations sino-françaises, grâce aux efforts conjugués de part et d'autre, la coopération économique et commerciale sino-française donnera des fruits toujours plus abondants.

Dans deux semaines, plus précisément, le 9 février, on fêtera le nouvel an chinois, la Fête du Printemps, qui ouvrira l'année du Coq. Les coqs chinois et gaulois vont donc se rencontrer. Et justement, en chinois cette rencontre entre deux coqs se prononce comme le mot « chance ». Comme l'a dit Louis PASTEUR, « la chance ne sourit qu'aux esprits bien préparés ». Je souhaite, du fond du cœur, que les entrepreneurs français saisissent les opportunités pour intensifier leur coopération avec la Chine et pour bâtir ensemble avec leurs partenaires chinois un avenir radieux.

Je vous remercie.

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