Interview de l'Ambassadeur Lu Shaye dans le Bourdin Direct sur RMC
2020-04-21 01:02

Le 20 avril, l'Ambassadeur Lu Shaye a été interviewé en direct par Jean-Jacques Bourdin sur RMC. Voici la transcription de l'interview :

Q : Nous somme avec l'Ambassadeur de Chine en France, Monsieur Lu Shaye. Bonjour.

R : Bonjour, Monsieur Bourdin.

Q : Merci d'être avec nous, Monsieur l'Ambassadeur. Dites-moi, je regardais les dernières déclarations comme vous de Donald Trump, qui pense ouvertement que la Chine ment, et que le nombre de morts est beaucoup plus élevé que le bilan officiel. Vrai ou faux, vous mentez ou pas ?

R : Combien de morts il veut ?

Q : C'est-à-dire ?

R : La Chine ne ment pas. Elle ne ment jamais. La Chine reste toujours transparente. Les chiffres sont précis. Même si la Chine a rectifié au week-end le chiffre des cas contaminés et de morts à Wuhan, mais c'est une signification de transparence.

Q : Oui, tout à coup on a découvert 1 300 morts supplémentaires en Chine.

R : Oui, c'est normal.

Q: Ah bon ?

R: La rectification des chiffres est conforme à l'usage international. Tous les pays pourraient faire comme ça, même en France.

Q : Donald Trump met en garde la Chine contre d'éventuelles conséquences si elle est sciemment responsable de la pandémie de coronavirus. Est-ce que vous êtes sciemment responsable ? Sous-entendu, de la part de Donald Trump qui a commandité une enquête à ses services, que le virus serait échappé d'un laboratoire de Wuhan. Vrai ou faux ?

R : Les Américains n'ont pas le droit de faire l'enquête en Chine. Les enquêtes ne devront pas être effectuées sur la base des rumeurs. S'ils ont des accusations, ils devront produire des preuves. Mais jusqu'à aujourd'hui, aucune preuve n'a été produite. Je me rappelle une phrase, une affirmation dite par le Président Donald Trump lui-même avant son élection en tant que Président en septembre 2016. Il a dit : Il ne faut pas croire aux soi-disant «sources qui disent», prétendues souvent par les médias malhonnêtes. S'ils ne peuvent pas dire le nom de la source, alors la source n'existe pas !

Q : Bien, vous répondez la même chose, si j'ai bien compris, Lu Shaye, ce matin. Dites-moi est-il vrai qu'il y a deux laboratoires à Wuhan ?

R : Oui, il y a des laboratoires à Wuhan, même un laboratoire P4 construit en collaboration avec la France, que j'ai visité avant son déclenchement.

Q : Il y a un autre laboratoire aussi, hein ?

R : Oui. Je ne sais pas exactement...

Q : Oui oui, qui se trouve à 280 mètres du marché aux animaux à Wuhan.

R : Je ne sais pas exatement s'il se situe tout près de ce marché. Je ne sais pas.

Q : Vous certifiez ? Parce que dans ce laboratoire situé tout près du marché, à 280 mètres, que fait-on ? C'est une recherche sur le coronavirus ? Et notamment sur les chauves-souris ?

R : Mais selon les reportages, ce laboratoire, il fait des recherches sur les virus. Mais je ne connais pas les détails.

Q : C'est celui qu'on voit à l'antenne d'ailleurs, Lu Shaye. Dites-moi, vous certifiez ce matin que le virus est d'origine animale, qu'il est parti d'une consommation de viande animale ?

R : Le virus est parti d'un animal sauvage. Mais cela n'a pas de lien nécessaire avec la consommation. Les recherches des scientifiques ont donné des résultats, donc il n'y a pas un consensus si la propagation du virus est liée nécessairement à la consommation des nourritures.

Q : Lu Shaye, pourquoi avoir caché pendant trois semaines au monde entier la gravité de la maladie ?

R : On n'a rien caché pendant les trois premières semaines. Je vais vous dire ce qu'on a fait pendant ces trois premières semaines. Le 30 décembre de l'année dernière, le gouvernement local de Wuhan a annoncé publiquement qu'il a découvert une pneumonie inconnue. Le 3 janvier de cette année, l'OMS annonçait déjà quotidiennement et régulièrement la situation de développement de la maladie infectieuse qui a eu lieu à Wuhan. Le 12 janvier, la Chine a déjà détecté les séquences génomiques du virus et les a partagées avec l'OMS et d'autres pays du monde. Et le 23 janvier, le gouvernement chinois a fermé Wuhan et la province du Hubei. Donc, tous les pays du monde connaissent bien ce qui se passe en Chine. Il n'y a aucune dissimulation.

Q : Mais alors, Lu Shaye, vous allez m'expliquer pourquoi les deux médecins qui ont rendu publiques les informations ont été, l'un emprisonné, arrêté, menacé pour propagation de fausses nouvelles, il est mort du coronavirus, il a ensuite été réhabilité ; quant à l'autre médecin, convoquée début janvier par un directeur de l'inspection de son hôpital - elle a été chef de service - qui lui a demandé comment as-tu pu répandre de fausses rumeurs ? De fausses rumeurs, Monsieur l'Ambassadeur ?

R : Je vous ai expliqué. Je dois vous rectifier une faute.

Q : Ah bon ? Laquelle ?

R : Ces médecins ne sont pas arrêtés, et d'ailleurs, ils ne sont pas alerteurs. La première alerteuse était une médecin qui s'appelle Zhang Jixian. C'est elle qui a fait le premier signalement le 27 décembre de l'année dernière d'après le processus pour rapporter aux supérieurs de l'hôpital et du système sanitaire du gouvernement. Le médecin que vous avez évoqué s'appelle Li Wenliang. Il a obtenu l'information en interne et il a fait savoir et partagé avec ses collègues autour de lui, mais c'était le 30 décembre.

Q : Il a été arrêté, menacé, pour propagation de fausses nouvelles.

R : Non, ce n'est pas "arrêté". Il n'est pas arrêté, il n'est pas menacé. Il a été interpellé bien sûr par la police, mais vous connaissez, la police agit selon les règlements. Donc le gouvernement doit opprimer des rumeurs, c'est ce que font tous les gouvernements du monde.

Q : Mais c'était une rumeur ou pas une rumeur alors ?

R : Au début, il y a des confusions. Même dans les pays occidentaux, il existe ce genre de confusion. Par exemple, aux États-Unis, si un policier est en face d'une personne et croit qu'elle détient une arme, pour se défendre il a ouvert le feu et tué cette personne. Et après, il voit que cette personne n'a pas d'arme sur elle. C'est une confusion. Mais est-ce que ce policier doit être puni ? Donc c'était une confusion. On peut dire qu'il fait selon le règlement. Mais en Chine, à Wuhan, c'est la même chose. La police fait selon les règlements.

Q : Eh bien, Lu Shaye, j'ai une dernière question. Le Président de la République Emmanuel Macron a dit au Financial Times : il y a manifestement des choses qui se sont passées en Chine qu'on ne sait pas. Que lui répondez-vous ce matin ?

R : Je pense que son discours est un peu déformé par les médias.

Q : Ah bon ?

R: J'ai lu le texte intégral de son discours. Je ne vois pas qu'il a l'intention d'accuser la Chine. Il veut dire seulement qu'il n'est pas possible de faire la comparaison entre les différents systèmes. Bien sûr, puisque ce sont des systèmes différents, il ne peut pas connaître tout de l'autre côté. Il dit qu'« il peut se passer quelque chose qu'on ne connaît pas ». Mais pour nous, on peut dire qu' il peut se passer quelque chose en France qu'on ne sait pas, c'est au gouvernement français de le dire. C'est la même chose.

Q : Bien, merci, Lu Shaye, Ambassadeur de Chine en France qui était en direct ce matin. La Chine prend peu de parole, l'Ambassadeur prend peu la parole, qui était avec nous ce matin sur RMC et RMC Découverte.

R : Je vous en prie.

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