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Quand certains en Occident parlent d’« universalisme », de quoi parlent-ils ?
2023-01-10 22:17

Il y a quelques jours, Le Monde a publié un article intitulé « Liberté, le combat continue », qui se répandait en louanges de l’« universalité » de la démocratie libérale (aussi appelée démocratie occidentale), se faisait l’avocat des « mouvements de révolte populaire contre l’autocratie » dans certains pays et appelait l’Europe à assumer sa responsabilité en tant que « bastion de l’universalisme des valeurs libérales et du droit ». En s’acharnant à forcer un discours de « démocratie contre autocratie » et en prônant la « supériorité de l’Occident » sous l’enseigne de l’« universalisme », l’article cherchait à accaparer la définition de la démocratie et de la liberté.


La démocratie occidentale est loin d’être « universelle ». L’assimiler aux « valeurs universelles » est en soi un détournement de notions. Dans une optique temporelle, la démocratie occidentale est née des Lumières et des révolutions bourgeoises européennes des 17e et 18e siècles. Remontant à il y a 300 ans à peine, ce n’est qu’une vague dans le long fleuve de l’histoire humaine. Même si, comme le veut une opinion courante, nous faisions remonter les origines de la démocratie à la Grèce antique, force est de constater que la démocratie des cités-États grecques s’était déjà éteinte en Europe occidentale au cours de la longue période entre l’instauration de l’Empire romain et la fin du Moyen Âge. Dans une optique spatiale, selon l’institut de recherche suédois V-Dem cité par l’article du Monde, il n’existe aujourd’hui que 34 « démocraties libérales » dans le monde, qui représentent moins d’un cinquième du nombre total de pays et moins de 13 % de la population mondiale. Vanter un système politique clairement minoritaire et dans le temps et dans l’espace comme « universel », quelle étroitesse de vue, quelle présomption !


La démocratie occidentale n’est pas non plus vraiment « démocratique ». La démocratie occidentale moderne s’est progressivement établie au fur et à mesure que le capitalisme européen se développait et que le régime féodal et aristocratique laissait place à la bourgeoisie. Il s’agit au fond d’une démocratie bourgeoise, un système politique créé pour réaliser et protéger les intérêts de la bourgeoisie et la propriété privée capitaliste. Comme l’a fait remarquer Adam Smith dans son livre La richesse des nations, la « démocratie républicaine » est plus propice au règne du capital. Dans l’histoire, des pays capitalistes occidentaux, ayant réalisé l’accumulation du capital et le processus de l’industrialisation par l’exploitation des travailleurs de leur propre pays et le pillage des peuples des nations colonisées, tentaient d’utiliser « la démocratie et la liberté » pour blanchir leurs péchés. Ainsi en 1840, le parlement britannique n’a-t-il pas « démocratiquement » voté le déclenchement de la Guerre de l’Opium pour agresser la Chine ? Que ce soit au Royaume-Uni, aux États-Unis ou dans tout autre pays occidental, dans la pratique et l’histoire de la démocratie, le droit de vote a longtemps été à dessein réservé à un « groupe limité de personnes qualifiées ». Ce n’est que vers les années 1970 que les principaux pays capitalistes ont adopté le suffrage universel accordant un droit de vote égal aux hommes et femmes de plus de 18 ans, ce qui n’est, au fond, qu’un simple signe que « l’épée comme premier levier de puissance sociale fit place à l’argent ».


Dans le monde occidental d’aujourd’hui, la polarisation sociale, la fracture entre riches et pauvres, la chute de la classe moyenne, la politique corrompue par l’argent, les courants extrémistes et d’autres problèmes se multiplient. Ces derniers jours, deux événements hallucinants ont eu lieu dans le monde de la démocratie occidentale. Un : il a fallu 15 tours de vote pour élire le président de la Chambre des représentants du Congrès américain. L’autre : deux ans après les émeutes du Capitole aux États-Unis, des émeutes presque identiques ont éclaté au Brésil, un pays appliquant le système de démocratie occidentale. Alors que des personnalités averties réfléchissent sur les causes profondes du dysfonctionnement de la démocratie occidentale, certains prêchent encore avec véhémence l’« universalisme » de la « démocratie et de la liberté » occidentales. Pourquoi se prennent-ils toujours pour des médecins et prescrivent des remèdes au monde entier, alors qu’ils devraient plutôt se dépêcher de se faire soigner, puisque ce sont manifestement eux les patients ?


Parce qu’ils ont des arrière-pensées, tout simplement. Tout système social dans le monde, y compris la démocratie, est le produit de l’Histoire. Or, pour les États-Unis et certains autres pays occidentaux, la démocratie n’est pas seulement un système politique ou une vision sociale apparus au cours du développement de la société humaine, mais aussi et surtout une arme et un instrument pour exploiter et contrôler les pays non occidentaux, en particulier les pays en développement, et maintenir leur position dominante dans le système international. Depuis longtemps, sous la bannière de l’« universalisme », ils exportent avec entrain les valeurs capitalistes et les systèmes sociaux et politiques de l’Occident, se livrent sans aucun scrupule à l’assimilation culturelle et au lavage de cerveau idéologique, et ourdissent même ouvertement des changements de régime et « révolutions de couleur ». Ils agissent en dictateurs pour prêcher paradoxalement la démocratie libérale, et ne lésinent pas sur les moyens pour « universaliser » le système et les règles qui sont strictement sous leur contrôle et qui servent leurs propres intérêts. En faisant ainsi, ils comptent créer un « monde hiérarchique » et un système « centre-périphérie », où une trentaine de « démocraties libérales » seront toujours au sommet du monde et au centre du système, tandis que les autres pays seront à jamais relégués au second plan du développement et à la marge du système international, à la merci de l’Occident. N’est-ce pas du racisme et du colonialisme qui ne disent pas leur nom ?


Les faits ont prouvé à maintes reprises que les pays en développement qui ont subi la « transformation démocratique » de l’Occident n’ont pas obtenu la liberté, la démocratie ou la prospérité qui leur avaient été promises. La « troisième vague de démocratisation » n’a pas aidé l’Afrique subsaharienne à sortir de la pauvreté et de la guerre, mais l’a au contraire plongée dans des chaos récurrents aux périodes d’élections. Le « printemps arabe », au lieu d’apporter prospérité et stabilité à l’Asie de l’Ouest et à l’Afrique du Nord, est quasiment devenu un « hiver de cauchemars » pour les pays arabes… Il y a quelques années, une célèbre actrice américaine s’exclamait au milieu des décombres en Irak, en disant : « Ces personnes ont tout perdu… ils n’ont rien, mais ils sont libres ». Oui, ils ont peut-être gagné la « liberté » tant vendue par l’Occident, mais ils ont sûrement perdu la paix qu’ils avaient et parfois même leur vie.


Selon l’article du Monde, des millions de gens en Asie et en Afrique sont épris de liberté. En effet, ils le sont, mais la liberté à laquelle ils aspirent n’est pas la fausse liberté prêchée par l’Occident, mais la vraie liberté de s’affranchir de l’exploitation et des jougs institutionnels et d’assurer le développement et la stabilité de leurs propres pays. L’article du Monde déplorait que l’échec de la « transformation démocratique » de la Russie, après l’effondrement de l’URSS, serait dû au fait que l’Occident pensait à tort que la transition serait rapide. Il n’en est rien. Si la soi-disant « transformation démocratique » de la Russie n’a pas abouti, c’est parce que les remèdes prescrits par l’Occident ne correspondaient pas aux maux de la Russie et ne pouvaient pas satisfaire réellement l’aspiration du peuple russe à la paix, au développement, à la liberté et à la démocratie. Qui plus est, ces remèdes nourrissaient insidieusement le dessein de réduire la Russie au démembrement et à la servitude au nom de la « démocratie ». Comment cela pouvait-il être accepté par le peuple russe, fier de sa civilisation splendide et de sa dignité ardente ? L’article du Monde appelait par ailleurs l’Occident à protéger les valeurs de la « civilisation moderne » : quelle arrogance que de supposer que la civilisation occidentale et la civilisation moderne sont deux notions interchangeables !


Le fait que nous puissions encore entendre de telles divagations au 21e siècle montre que certains Occidentaux sont toujours prisonniers du récit de l’« eurocentrisme » et de leur « universalisme », et qu’ils refusent ou sont même incapables d’apporter un regard objectif et un jugement rationnel sur le monde dans lequel ils vivent. Regardons autour de nous, le monde non occidental est en train de connaître un nouveau réveil historique, avec de plus en plus de pays en développement qui osent dire « non » aux pratiques hégémoniques et intimidantes de l’Occident. Si certains Occidentaux ressentent l’« universalisme perdu » tel que décrit par l’article du Monde, qu’ils ne s’étonnent point : cela montre justement que le cours de l’Histoire ne sera jamais dicté par un « monde hiérarchique » conçu par quiconque. L’avènement d’un ordre international plus juste et plus rationnel représente non seulement la voix forte des pays non occidentaux, en particulier des pays en développement, mais correspond aussi au courant inéluctable de l’Histoire. Comme par hasard, le politologue européen Hans Kribbe cité dans l’article du Monde a bien fait mouche : « il s’agit de prendre conscience que le monde n’est plus organisé autour de l’Occident ou de ses idées ». Si l’Occident souhaite rattraper le cours de l’Histoire et éviter la déliquescence, il est temps qu’il ouvre les yeux sur le monde et sorte du mythe de l’« eurocentrisme ».


Dans la nature, des millions d’espèces peuvent coexister en harmonie. Dans notre humanité tellement diversifiée, il n’y a pas non plus de civilisation inférieure ou supérieure aux autres. La paix, le développement, l’équité, la justice, la démocratie et la liberté sont des valeurs communes à toute l’humanité, aucun pays n’a le droit de s’en approprier, et encore moins de s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays et de pratiquer l’hégémonie sous leur couvert. La démocratie populaire intégrale est une démocratie socialiste aux caractéristiques chinoises qui répond aux conditions nationales de la Chine. C’est une démocratie réelle, efficace et largement soutenue par le peuple chinois. Des sondages réalisés par l’université Harvard, l’agence de relations publiques Edelman et d’autres institutions occidentales montrent que le taux de satisfaction du peuple chinois envers le gouvernement chinois est supérieur à 90 % depuis des années consécutives. Malgré cela, la Chine n’a jamais songé à exporter son système politique dans d’autres pays. Au contraire, elle a toujours respecté le droit de tous les peuples de choisir leur propre voie de développement.


Le monde est confronté à de multiples défis sérieux. Il est urgent que tous les pays transcendent leurs divergences pour y faire face ensemble. Il y a neuf ans, en partant du bien-être commun de l’humanité, le président Xi Jinping a avancé l’initiative de promouvoir la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité. Il s’agit du « partage des intérêts, des droits et des responsabilités dans les relations internationales par des pays aux systèmes sociaux, idéologies, histoires, cultures et niveaux de développement différents, de sorte à trouver le plus grand dénominateur commun en vue d’un monde meilleur ». Que tous les peuples rejettent l’arrogance et les préjugés, et travaillent ensemble sur la base de l’égalité et du respect mutuel pour bâtir un monde beau, propre, ouvert et inclusif, où règnent la paix durable, la sécurité globale et la prospérité commune. C’est ça le vrai universalisme.


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