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« Dérisquer la Chine », un nouveau poison pour les relations économiques internationales
2023-06-06 19:44

Récemment, un nouveau terme est devenu à la mode dans la presse américaine et européenne sur la Chine, et fait parler beaucoup d’hommes politiques : « dérisquage ». Même si en apparence le « dérisquage » n’est plus aussi irrationnel que le « découplage », dans le fond ce n’est rien qu’un poison enrobé de sucre plus que trompeuse.


Tout d’abord, la Chine est-elle un risque ? La Chine est le seul pays au monde à avoir inscrit dans sa Constitution « poursuite d’une voie de développement pacifique », et elle a imprimé dans le rapport du Congrès national du Parti communiste chinois « favoriser la libéralisation et la facilitation du commerce et de l’investissement » et « s’opposer au protectionnisme ». Une telle Chine est une garantie pour la paix et le développement dans le monde, et non un risque. Avec un énorme marché de 1,4 milliard d’habitants dont 400 millions de personnes à revenu moyen, la Chine contribue à hauteur de plus de 30 % à la croissance économique mondiale depuis de nombreuses années. Chaque jour, 320 millions de dollars d’investissements directs chinois vont dans les quatre coins du monde. Chaque minute, plus de 1,6 million de dollars d’échanges commerciaux sont effectués entre la Chine et l’Europe. Une telle Chine représente l’opportunité, et non un défi. La Chine est une civilisation ancienne qui poursuit pas à pas sa propre modernisation dans le but d’améliorer la vie de son peuple, et non pour s’ériger en hégémon et régenter le monde. Une telle Chine est un pôle de stabilité, et non une source du chaos. Comment peut-on qualifier de « risque » un pays qui ouvre les bras au monde et qui reste fermement engagé sur la voie de développement pacifique ?


Ensuite, qu’est-ce qu’on doit dérisquer ? Il ne fait aucun doute qu’il n’est pas au monde de plus grande source de risque que les États-Unis. C’est un pays qui place ses propres intérêts au-dessus de tout, qui pratique à outrance l’hégémonisme, l’intimidation, la coercition et l’arbitraire, et qui serait plus qu’heureux de semer le trouble dans le monde entier. C’est eux qui ont un budget militaire dépassant celui des 15 pays suivants réunis et dont les « opérations antiterroristes » ont causé la mort de plus de 900 000 civils depuis 2001. C’est eux qui manipulent le dollar pour s’enrichir sur le dos des autres pays comme une sangsue et dont les sanctions unilatérales affectent près de la moitié de la population mondiale. C’est eux qui concoctent le récit de « démocratie contre dictature »,  contraignent les autres pays à choisir leur camp, et utilisent la « concurrence entre grandes puissances » pour dissimuler leur tentative d’exploiter et de contenir les pays en développement. C’est eux qui donnent des leçons aux autres en négligeant leurs propres problèmes. C’est toujours eux qui plus qu’une fois se désengagent arbitrairement, mettent leurs alliés sur écoute sans distinction, et poignardent leurs amis dans le dos à tout bout de champ. S’il y a quelque chose qu’on doit dérisquer, ce sont exactement les États-Unis.


Enfin, comment véritablement dérisquer ? Il est à noter que la formation et le développement des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales résultent de la mondialisation économique et de l’économie de marché. L’interdépendance des pays montre justement que l’humanité vit de plus en plus dans une communauté d’avenir partagé. Cette interdépendance, loin d’être un risque , représente des bénéfices de développement commun. Ceux qui la voient comme risque sont en fait obsédés par une peur injustifiée d’en pâtir, une jalousie sombre devant la réussite des autres, et un rêve hégémonique de « priver les pays en développement de l’échelle ascendante » et de perpétuer leur domination sur le monde. Ainsi, certains politiciens américains ont promis de retarder le progrès des technologies chinoises de deux ou trois générations par rapport aux États-Unis avec le « découplage » et la « rupture des chaînes d’approvisionnement ». Steve Bannon, un militant politique américain d’extrême droite, a même appelé à « repousser la Chine au tiers monde ».


Cependant, le découplage n’est pas facile ! Après cinq années de guerre commerciale déclenchée par les États-Unis, ces derniers voient leurs échanges commerciaux avec la Chine augmenter au lieu de diminuer, et leur déficit commercial avec la Chine ne cesse de battre le record. Les pays européens réalisent également qu’il est impossible de se découpler de la Chine, puisque les échanges commerciaux sino-européens dépassent 800 milliards d’euros par an et que les deux parties constituent depuis longtemps une communauté où leurs intérêts s’imbriquent les uns dans les autres. Avant d’être « découplée » de la Chine, l’Europe se verrait d’abord « découpée ». Pourtant, certains hommes politiques européens prennent le mauvais remède : au lieu de mettre le cap vers la coopération gagnant-gagnant, ils se dévoient sur le « dérisquage », ce qui, en clair, revient à mettre en place un « découplage ciblé et sélectif » vis-à-vis de la Chine, escomptant que seule la Chine sera affectée alors qu’eux-mêmes pourront y échapper. Quelle part de naïveté y a-t-il à croire qu’ils peuvent faire une affaire aussi bonne !


Actuellement, le véritable risque auquel le monde est confronté est la tentative de certains pays de pratiquer l’hégémonisme et d’imposer des sanctions unilatérales, de prôner « la démocratie contre la dictature » et de pousser le monde dans la nouvelle guerre froide. Si « dérisquage » il y a, c’est précisément par la « désidéologisation », le « démantèlement des camps » et la « désorganisation de petits clans ».


Il n’y a pas de conflit d’intérêt fondamental entre la Chine et l’Europe. La Chine est disposée à rester un partenaire de l’Europe pour une coopération gagnant-gagnant contre les risques. Nous espérons travailler main dans la main avec l’Europe pour mieux préserver et développer les chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales dont la stabilité et la fluidité profitent non seulement à nous-mêmes, mais aussi à l’Europe et au-delà. 


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