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Questions-réponses lors du dîner-conférence organisé par le Rotary club Neuilly-sur-Seine-Sablons
2023-06-20 00:53

Le 12 juin 2023, l’Ambassadeur de Chine en France LU Shaye a participé au dîner-conférence organisé par le Rotary club Neuilly-sur-Seine-Sablons intitulé “ la Chine d’aujourd’hui et de demain ”. Voici la transcription des question-réponses :

Q1 : Votre Excellence, je vais vous poser une question qui est totalement en décalage, peut-être un peu pour détendre l’atmosphère. Mon métier principal, c’est la restauration, la gastronomie. Qu’est-ce que vous pensez de la gastronomie française par rapport à la gastronomie chinoise ?

Q2 : Ma question, c’est comment la Chine compte se sortir des attaques à son égard aujourd’hui, notamment dans le secteur du semi-conducteur ?

Q3 : Depuis un certain nombre de mois, les États-Unis, de manière directe - je pense à la visite protocolaire de la speaker Pelosi l’été dernier - ou de manière indirecte, par l’intermédiaire de l’OTAN - je pense au projet d’ouverture d’un bureau de liaison à Tokyo - cherchent à augmenter considérablement leur influence dans la zone Asie-Pacifique, ce qui crée évidemment beaucoup d’inquiétude, pour ne pas dire d’interrogations. Quel est votre regard sur cette situation qui ne va pas s’améliorer ? 

R : À ma droite, M. le Gouverneur m’a dit que parmi ces trois questions, la plus compliquée est la première question : hautement politique, c’est vraiment difficile à répondre. En France, quand je sors manger dans les restaurants, je choisis toujours les restaurants français et les plats français. Et quand j’invite mes amis français à ma résidence et à l’ambassade pour manger, je présente toujours les plats chinois. Les vins français sont merveilleux, et le Baijiu chinois est aussi le meilleur. 

Pour la deuxième question, vraiment c’est très dur pour nous, parce que les administrations américaines, depuis le temps où Donald Trump a lancé des guerres commerciale et technologique contre la Chine, a coupé l’approvisionnement de puces aux entreprises chinoises de haute technologie telles que Huawei - vous la connaissez très bien - la meilleure entreprise de télécommunications dans le monde dont la technologie est la plus avancée. Les États-Unis veulent les empêcher de progresser et ont utilisé ce genre de coup bas dans le monde.

À cette époque de mondialisation, on peut dire que tous les pays et toutes les entreprises sont interdépendants. Les chaînes de production et d’approvisionnement ont été formées naturellement au fur et à mesure du développement de l’économie mondiale et conformément aux règles de l’économie de marché. Les démarches des États-Unis ont sapé ce processus et saboté la mondialisation. Cela est aux dépens des intérêts de tous les pays.

Le gouvernement chinois ne peut pas bien sûr rendre les armes dans ce cas-là. On a compté sur ses propres efforts pour développer l’industrie de semi-conducteurs. Après quatre ou cinq ans, nous avons déjà remporté des acquis très encourageants. Actuellement, la Chine peut produire elle-même des puces de 28 nanomètres et partiellement des puces de 14 nanomètres. La conception ne pose pas de problème. Le problème, c’est la production parce que nous n’avons pas de machines lithographiques. Le plus grand producteur de machines lithographiques dans le monde, c’est hollandais, ASML. Les Hollandais, sous la pression des Américains, ne vendent plus ces machines lithographiques à la Chine. C’est injuste dans le monde d’aujourd’hui, n’est-ce pas ? Mais quand même on va se débrouiller - c’est sûr- en très peu de temps.

On a posé la question de la présence militaire ou bien de la tension créée par les Américains dans la région Asie-Pacifique. C’est vraiment odieux parce que les pays de la région ont tous l’intention d’avoir un environnement de paix et de stabilité pour se développer. Maintenant, tous les pays régionaux ont pour leur premier partenaire commercial la Chine. Par exemple, la Chine et l’ASEAN, organisation régionale très connue en Asie-Pacifique, sont mutuellement premiers partenaires. L’ASEAN est le premier partenaire commercial de la Chine et vice versa. Presque tous les pays membres de cette organisation ne veulent pas voir qu'un conflit ou une guerre se passe dans la région.

Mais ce que font les Américains, c’est le contraire. Ils utilisent le problème de Taiwan pour attiser le feu dans la région. Tout le monde sait que Taiwan fait partie intégrante de la Chine. Cela concerne notre souveraineté et intégrité territoriale. Il ne faut pas manipuler ce problème.

On dit que pour empêcher le recours à la force, il ne faut pas augmenter la tension. C’est faux. Ce n’est pas la Chine qui est à l’origine de cette montée de tensions. Ce sont les agissements des Américains qui les ont créées. Ils interviennent toujours plus dans les affaires intérieures de la Chine en soutenant des forces sécessionnistes dans l’île. Si ces dernières ne font pas de provocation, il n’y aura pas de montée de tensions. Alors les Américains continuent à fournir des armes de plus en plus avancées et de plus en plus nombreuses aux forces sécessionnistes de Taiwan pour les encourager à provoquer le gouvernement chinois.

Tout le monde peut comprendre que le gouvernement chinois ne peut pas permettre la séparation du pays comme les autres pays. En Espagne, il y a la région de la Catalogne. Quand les autorités locales catalanes déclarent l’indépendance, tous les pays de l’Europe et de l’Union européenne s’y opposent. Mais pourquoi sur la question de Taiwan, les Européens ne peuvent pas prendre cette position similaire? Maintenant tout le monde parle haut et fort de la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, mais quand il s’agit de la Chine, c’est tout à fait différent !

Les Américains sont vraiment fauteur de troubles et de guerres dans le monde. Ils veulent perpétuer leur hégémonie dans le monde. Maintenant ils ont créé une guerre en Europe et ils veulent en créer une autre en Asie-Pacifique. Dans ce cas-là, ils pourront confortablement voir les autres parties du monde verser dans le chaos et préserver leur hégémonie ! Tout le monde pourrait s’adresser à eux pour obtenir des aides économiques, militaires et politiques. C’est le cas en Asie-Pacifique. Ce sont les Américains qui augmentent la tension et non pas la Chine. La Chine est constructrice de la paix mondiale et défenseur de l’ordre international.

Q1 : Votre Excellence, aujourd’hui les États-Unis d’Amérique ont manifesté leur souhait de réintégrer l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Est-ce que vous pensez que l’UNESCO peut être une organisation qui peut permettre de promouvoir le dialogue et donc la paix, ou bien vous interprétez cette intégration comme une entrave à l’influence de la Chine dans cette organisation ? Deuxième question : quelle est la position de la Chine sur le Moyen-Orient, puisque les États-Unis ont également manifesté leur souhait de s’y retirer ? 

Q2 : Monsieur l’Ambassadeur, effectivement la Chine d’aujourd’hui intéresse beaucoup de pays. Je m’adresserai à vous tout simplement dans le domaine de la culture. La Chine et la France avaient il y a quelques années un très bel événement « La Chine en France et la France en Chine ». J’aimerais vous poser la question si vous pouviez aujourd’hui nous donner un peu plus de précisions quant à la Route de la soie que souhaite organiser la Chine, et qui, pour certains pays, pose problème parce qu’on se demande si c’est effectivement juste une route de la soie qui transporterait la culture sans aucune connotation politique, ou s’il y avait derrière cette route de la soie une autre intention. Permettez-moi de vous poser cette question et dans l’espoir qu’un jour ou l’autre vous réorganiserez « la Chine en France » et que nous aurons le plaisir de découvrir encore la beauté de ce pays que j’ai eu l’honneur de connaître pour l’UNESCO dans le domaine de la diversité culturelle.

Q3 : Excellence, je suis très intéressé par les relations entre la Chine et l’Inde. On en parle très peu à l’heure actuelle. Est-ce que vous pouvez nous éclaircir un petit peu sur ces relations bilatérales qui sont quelquefois amicales et quelquefois compliquées ?

R : En ce qui concerne la réintégration américaine dans l’UNESCO, je n’ai pas à dire parce qu’ils s’en sont sortis déjà à deux reprises. Cela démontre que les États-Unis ne sont pas sérieux dans cette organisation internationale de l’ONU. Ils peuvent agir à leur gré, entrer ou sortir comme faire des achats des produits agricoles dans une foire ! Je ne sais pas quelle est leur volonté réelle de réintégrer l’UNESCO. Cette fois-ci on doit toujours faire attention parce qu’on ne sait pas quand ils vont encore en sortir.

En ce qui concerne la situation au Moyen-Orient, on peut dire que maintenant c’est vraiment très encourageant avec la réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran, ennemis millénaires. Maintenant, ils peuvent se retrouver ensemble, non seulement rétablir leurs relations diplomatiques, mais aussi leur coopération. Récemment, j’ai lu dans les médias que des pays du Golfe ont décidé de former une marine commune pour faire la patrouille dans la zone du Golfe, y compris l’Arabie Saoudite, l’Iran et les Émirats arabes unis. C’est vraiment une bonne chose. Les frères arabes se retrouvent en bons termes. On ne peut pas dire que c’est complètement la contribution de la Chine, mais je pense que c’est une tendance historique. Les États-Unis y ont aussi apporté une contribution. Ce qu’ils ont fait au Moyen-Orient a très déçu les pays régionaux. Comme je l’ai dit dans mon discours, les États-Unis privilégient toujours leurs propres intérêts égoïstes aux dépens des intérêts des autres. Ce n’est pas dans un esprit de gagnant-gagnant.

Dans la crise ukrainienne actuelle, c’est la même chose. Ils veulent utiliser l’Ukraine comme « proxy », la pousser au front pour combattre l’armée russe et faucher les intérêts des pays européens. Ce n’est pas moral.

Pour la question sur l’Initiative « la Ceinture et la Route », quand le président Xi Jinping l’a avancée il y a dix ans, c’était pour approfondir l’ouverture de la Chine vers l’Ouest.

C’était pourquoi l’ouverture de la Chine vers l’Ouest, parce que, à la fin des années 70 et au début des années 80, quand Monsieur DENG Xiaoping a décidé d’appliquer la politique de réforme et d’ouverture. C’était la partie de l’Est de la Chine qui était le premier bénéficiaire de cette ouverture. En revanche, la partie centrale et la partie ouest du pays restent toujours fermées. Parce qu’au centre d’Asie, ce sont surtout les pays en développement qui sont ex-républiques soviétiques. Donc, le Président XI Jinping a eu cette idée d’ouvrir la partie ouest vers les pays de l’Asie centrale pour stimuler mutuellement le développement. Dans l’antiquité, il y avait la Route de la Soie, et le Président XI a pris cette notion pour former son initiative. 

Au début, dans cette initiative, il y a eu 5 communications : la communication d’infrastructure, la communication financière, la communication culturelle, la communication des politiques et les échanges de personnes, qui sont des fonds pour promouvoir la communication entre les différents pays. La Chine a de l’argent et a la capacité de construction et on peut aider les autres pays qui manquent de moyen à construire et développer son économie. Notre expérience là-dessus est que les infrastructures sont les plus importantes. En chinois, on dit : si on veut s’enrichir, il faut tout d’abord construire les routes pour desservir les endroits enclavés. C’est la raison pour laquelle on construit les autoroutes, des chemins de fer, les centrales électriques, les gazoducs dans les pays de l’Asie centrale. De temps en temps, ce programme s’est élargi dans d’autres régions. Par exemple en Afrique et au Moyen-Orient, des pays sont progressivement adhérés à cette initiative, même des pays européens. Nous avons des lignes de chemin de fer entre la Chine et l’Europe, surtout ces lignes de fer de fret relient la Chine et plus de 200 villes de 25 pays européens, y compris la France. Si on améliore les infrastructures des chemins de fer, on peut augmenter largement la vitesse des livraisons par chemin de fer, qui est beaucoup plus rapide que le transport maritime, même si cela est moins cher, on peut considérablement augmenter l’efficacité. Maintenant, les écarts des rails des chemins de fer de tous les pays du continent ne sont pas les mêmes. Si on construit les nouveaux chemins de fer avec le même écart, c’est plus efficace.

Donc si vous voulez dire qu’il existe des intentions politiques ? S’il y a des éléments politiques, c’est pour resserrer et renforcer les liens de différents pays pour créer un environnement de paix et de stabilité dans la région. Tout d’abord dans la région de l’Asie centrale, dans la région du Moyen-Orient puis en Afrique, et même en Amérique latine. Si c’est une extension politique, c’est plutôt une intention de bonne volonté. 

Pour la dernière question portée sur les relations sino-indiennes. À vrai dire, ce sont plutôt l’amour haine entre les deux pays, parce que la Chine et l’Inde ont beaucoup de similitudes. L’Inde a été indépendante deux ans plus tôt que la Chine. La République populaire de Chine a été fondée en 1949 et l’Inde en 1947. Mais au début, ce sont tous les deux pays très pauvres en termes de développement. Le Premier ministre indien Nehru a fait une très bonne coopération avec les dirigeants chinois, y compris le Premier ministre ZHOU Enlai. Les deux pays ont lancé l’initiative Cinq Principes de la Coexistence pacifique. Mais pour l’Inde, il y avait des héritages qui ont été légués par les colonialistes britanniques, il existe les litiges frontaliers entre nos deux pays. Pour le gouvernement chinois, on peut laisser de côté ces litiges frontaliers qui sont très difficile à régler et développe tout d’abord notre coopération bilatérale. Mais à vrai dire, même si nous avons déployé beaucoup d’efforts pour maintenir la stabilité et apaiser la situation locale. Ces dernières années, le gouvernement indien a toujours provoqué quelque chose sur les frontières. Mais le gouvernement chinois a fait preuve de retenue énorme, on a tout fait pour éviter le conflit armé. 

L’Inde est un grand pays et elle a une tradition de non-alignement. Même si aujourd’hui, les Etats-Unis ont incité l’Inde à intégrer leur bloc. Par exemple, récemment la partie américaine a proposé à l’Inde de participer à un groupe de l’OTAN+, ce qui a été refusé sèchement par les Indiens. Donc, l’Inde reste constante sur son principe de non-alignement. Sinon, elle ne peut pas être une puissance majeure indépendante dans le monde et elles ont cette conscience. Le gouvernement chinois ne cesse de faire des efforts pour améliorer les relations avec l’Inde. Les deux pays ont les plus grands nombres de population dans le monde. Si on fait la coopération réciproquement, c’est un bonheur pour le monde. Si les deux pays se trouvent en conflit, même en guerre, c’est la catastrophe. Merci.

Q : Avant de reprendre les enjeux des questions-réponses, je rappelle au passage que nous avons sur la table ce soir deux ambassadeurs dont Madame l’Ambassadeur de France Sylvie Bermann qui a par ailleurs été ambassadeur de France en Chine. Je pense que Madame l’Ambassadeur, eu égard à ce qui a été dit et votre vécu là-dessus, vous avez certainement quelques éclairages, voire quelques opinions également à nous faire partager. 

Madame Bermann : Merci beaucoup pour cette invitation, je suis toujours heureuse de voir que des différents échanges portés sur la Chine. C’est un pays que j’ai beaucoup aimé. J’ai eu la chance d’y être à l’occasion du 50ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays. Nous allons célébrer l’année prochaine son 60ème anniversaire. J’espère que ce sera du même niveau car nous avons un partenariat stratégique avec la Chine, avec aussi des partenariats économiques, avec des partenariats structurants dans le domaine de l’aéronautique, du nucléaire, de l’agroalimentaire et dans d’autres domaines. Mais aussi nous sommes les membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Nous avons des relations très étroites, et le Président de la République avait décidé de s’y rendre chaque année. Malheureusement, à cause du Covid-19, le rythme est un peu perdu, mais il y est allé cette année et il était exceptionnellement bien reçu par le Président XI Jinping, qui l’a même reçu en tête-à-tête dans un cadre qui était plus restreint et beaucoup plus amical à Guangzhou. 

Mais la relation va au-delà de la France puisque la France, c’est loin et que nous sommes évidemment dans l’Union européenne. Il faut que nos politiques s’inscrivent aussi dans un cadre européen. L’idée est de nous renforcer aussi la relation entre l’Union européenne et la Chine, lorsqu’il y eu quelques difficultés, et l’Union européenne a qualifié la Chine, à la fois de concurrence sur le plan économique et de rival systémique. J'avoue que je n’ai jamais très bien compris ce que ça veut dire, parce que je pense qu’il y a une rivalité systémique entre les États-Unis et la Chine. C’est clair. Je ne pense pas qu’il y en a eu véritablement avec l’Europe, mais en tout cas, on a repris ce terme et puis avec des partenaires dans les domaines d’avenir qui sont le changement climatique, la santé, la biodiversité. Vous avez évoqué également les Nations Unies puisque j’ai servi à New York, j’ai constaté la participation de Chine aux opérations de maintien de la paix, qui est très importante. Et j’en profite, puisque vous m’avez donné la parole pour poser moi aussi une question dans un domaine où il y a à la fois de la géopolitique et de l’économie qui est l’internationalisation du yuan. Parce que on est dans une phase où il y a de plus en plus de contrats et en particulier les pays du sud global qui sont signés en vue de l’internationalisation du Renminbi. 

J’étais en Chine le mois dernier et j’ai été frappé par le dynamisme de toutes les personnes que j’ai rencontrées, y compris des jeunes. Alors il est souhaitable que les échanges reprennent dans tous les domaines, comme entre les hommes politiques, les scientifiques, les chefs d’entreprises, les touristes aussi. Mais je me suis heurtée à un problème, c’est que les Chinois, depuis deux ans, ne recevaient plus personne, ont mis fin à l’usage de la monnaie. En réalité, on paie tout par WeChat sur leur téléphone, sauf que quand vous êtes étranger, vous ne pouvez pas relier WeChat à un compte bancaire. Donc c’est un vrai problème pour les touristes qui vont venir. Donc je pense que c’est un message à faire passer aussi à votre gouvernement si vous voulez à nouveau recevoir les étrangers et touristes. Ce qui est bon pour la Chine, parce qu’il y a effectivement une incompréhension souvent dans les occidentaux, en France aussi, où il y a des attitudes plus hostiles depuis le Covid-19. Donc, c’est juste un petit message, parce qu’il faudra régler le problème pour que les gens puissent voyager normalement. 

R : La question évoquée par madame Bermann est effectivement réelle. Les étrangers peuvent télécharger l’App WeChat, mais on ne peut pas le connecter sur son compte bancaire, sur ce problème-là, je vais rendre compte au Tencent. En Chine si on connecte le compte bancaire au wechat-pay, cela facilite le paiement. Mais pour les étrangers, est-ce qu’on peut connecter un compte bancaire étranger au wechat-pay ? C’est un problème. 

En plus, sur votre question d’internationalisation de yuan, c’est le processus inévitable. Pour beaucoup de gens, ce processus reste encore très long parce que depuis dix ans, on parle déjà l’internationalisation et la convertibilité de la monnaie chinoise. Mais le gouvernement chinois reste très prudent pour la convertibilité et l’internationalisation de notre monnaie pour parer au risque financier international. Mais maintenant, au fur et à mesure de la montée en puissance de l’économie chinoise, on ouvre la porte progressivement. Même si récemment on parle beaucoup de la montée en puissance de l’internationalisation de yuan. Le règlement en yuan dans les commerces internationaux représente seulement 2%. C’est très peu. Dans les réserves de change des banques centrales, quelque 2 ou 3%. Le gouvernement chinois le fait progressivement et prudemment, pour ne pas susciter les dangers et risques tant pour la Chine que pour le monde. Merci.

Q1 : J’ai une question portée sur la guerre non pas entre la Russie et l’Ukraine mais entre le Rwanda et la RDC. Quel est votre point de vue là-dessus ?

Q2 : Merci Monsieur le Président, merci Votre Excellence pour me répondre. Donc, comme vous le savez, la majorité des pays développés travaillent d’arrache-pied et investissent dans les nouvelles technologies. L’une des technologies les plus prometteuses, c’est la physique quantique. Je sais que la Chine a investi plus de 20 milliards de dollars entre 2016 et 2019. J’ai deux questions pour vous : Premièrement, êtes-vous ouvert à des collaborations inter pays ? Pensez-vous que cela soit une bonne idée pour éventuellement améliorer plus rapidement la technologie ? La deuxième question, quels sont les objectifs à moyen terme ? Avez-vous prévu une stratégie spécifique pour cela ? Merci beaucoup.

Q3 : Bonsoir, Excellence, Monsieur l’Ambassadeur, merci et il y aurait tellement de questions à vous poser. Mais je dois dire que dans toutes les questions posées, il y a une chose qui m’a retenu énormément d’attention. J’ai été étonné mais ravie de vous entendre parler d’environnement. Vous dites beaucoup de choses sur l’environnement et j’espère que vous allez démentir, qu’en Chine, l’environnement n’est pas la première préoccupation, et que l’extinction des abeilles est beaucoup plus rapide en Chine qu’ailleurs. J’aimerais aussi vous entendre parler un peu plus objectivement et donner plus d’éléments sur le développement de l’environnement en Chine. Si vous me permettez, j’aimerais reboucler avec la première question de mon ami qui me parlait de la gastronomie française. Vous nous avez mis l'eau à la bouche. Je pense que beaucoup se rallieront à moi en vous disant qu'on est très impatient que vous nous fassiez découvrir la gastronomie chinoise. 

Q4 : Vous avez insisté fortement sur l’orientation affichée de la politique chinoise en faveur du développement de l’Asie-Pacifique. Il n’en demeure pas moins que le résultat de cette politique, vue l’évolution des relations internationales sont un peu en contradiction, avec la volonté que vous affichez et les actions réelles que vous menez. Cela me conduit à poser une question. Vous avez incontestablement une grande expérience de l’espace francophone, vous avez même servi l’Afrique francophone. Quel est votre avis, votre perception, alors que cette Afrique est de plus en plus déchirée ? Elle représente une territoire d'une richesse exceptionnelle, qui est inévitablement la convoitise de toutes les puissances à la recherche de son emplacement. Vous voyez bien que la France est en difficulté, et en même temps les forces extérieures qui s’expriment sur cet espace convoité sont nombreuses. Il y a la puissance américaine dont vous avez longuement parlé. Mais il n'y a pas que les Américains. Il y a les Allemands qui sont extrêmement efficaces dans leur action. Il y a les Russes, Il y a bien évidemment la Chine. Compte tenu de ça, ne pensez pas pour l'avenir de la paix sur ces territoires puisque c’est non seulement souhaitable mais une nécessité pour l'équilibre du monde, est ce que vous ne pensez pas qu'il faudrait arriver à une sorte d'entente particulière entre la France et la Chine pour sortir de cette rivalité suicidaire de toutes les autres puissances sur ce territoire ?

R : Pour la première question, les relations entre le Rwanda et le Congo Kinshasa. Ces deux pays sont tous amis de la Chine. Nous avons de très bonnes relations traditionnelles avec le Rwanda et la République démocratique du Congo. Récemment, le président du Congo Kinshasa a visité la Chine. Quand j'étais directeur général de l'Afrique du Ministère des Affaires étrangères de Chine, j'ai investi beaucoup d'énergie pour traiter les affaires de la Région des Grands Lacs. Je connais bien, dans les années 1990 dans cette région-là s’est passé une grande guerre, nommée “ la Guerre mondiale régionale ” ou “ la Guerre mondiale africaine ”, qui a entrainé 8 pays régionaux et 11 différentes forces. C’est très désastreux. Depuis cette époque-là, la Chine a joué un rôle de médiation, de réconciliation et de construction. La Chine a fourni des aides économiques et a fait des investissements dans la région pour développer l’économie de ces pays, éliminer les éléments de conflit et de guerre. La Chine a fourni des Casques bleus des Nations Unies dans cette région-là. La Chine est le pays qui a fourni le plus de Casques bleus, parmi les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité. Ces casques bleus chinois se trouvent surtout en Afrique. La Chine reste toujours sur sa position pour faire promouvoir les pourparlers de paix entre les pays africains, pour régler leurs conflits et leurs différends par voie pacifique. Comme la Chine est l'amie de presque tous les pays africains, je pense que nous avons la chance de faire ça. D'ailleurs, on peut dire que la Chine est de plus en plus active en Afrique, non seulement sur le plan économique et commercial, mais aussi sur le plan de la sécurité. 

Je peux répondre directement à la question de monsieur le général, cela concerne aussi l'Afrique. Vous avez dit que la France se retire un peu de l'Afrique et les autres acteurs entrent dans l'Afrique. Je ne parle pas d’autres acteurs, mais au moins le rôle de la Chine est positif. Comme je l'ai dit tout à l'heure, la Chine est le constructeur de la paix africaine, contributeur au développement africain. Pourquoi je dis ça ? Depuis l'an 2000, la Chine a construit avec ses aides économiques et ses crédits, 100 ports maritimes, 1000 ponts traversant les grandes rivières, 10 000 kilomètres de chemin de fer, 100 000 kilomètres de routes, et innombrable hôpitaux et écoles en Afrique. Cela porte tous profit aux pays africains, pour renforcer et améliorer leur environnement d’investissement. Ces améliorations d'investissements profitent également aux investisseurs des pays occidentaux, y compris la France. Parce que si vous n'avez pas de routes et si vous n'avez pas d'électricité, les entreprises installées-là ne marchent pas, ne fonctionnent pas. Donc, je dis que le rôle joué par la Chine en Afrique, c'est toujours positif. Bien-sûr, la Chine et la France peuvent faire la coordination, parce que la France est présente en Afrique beaucoup plus tôt que la Chine. Vous avez beaucoup de coordonnées, des réseaux et des bases de l’économie, et surtout l’atout de la langue et de la similitude culturelle en Afrique. Si on peut faire la coordination en Afrique, peut-être on peut aider les pays africains à se développer plus rapidement. Maintenant, la Chine et la France ont déjà commencé la coopération dans les pays tiers, surtout en Afrique. Par exemple, l'année dernière, nos deux pays ont conclu un projet de traitement des eaux usées au Sénégal. C’est une coopération très réussite. 

En ce qui concerne le développement de la technologie quantique, la Chine a commencé très tôt. Je suis d'accord avec vous. La Chine a une stratégie pour développer la technologie quantique. Maintenant, nous sommes très avancés sur le plan du calcul quantique et de la télécommunication quantique. Il y a peu, il y a un reportage selon lequel en Chine le calcul quantique a réussi à calculer avec une vitesse de 180 millions plus vite que le meilleur super-ordinateur ordinaire aujourd’hui. On a réussi à faire la télécommunication entre les antipodes qui se sépare de 1000 kilomètre. On fait toujours nos efforts pour améliorer nos technologies. 

En ce qui concerne l’environnement, je peux vous fournir des chiffres. Tout à l’heure j’ai déjà fourni des chiffres des actes et des contributions faite par la Chine à la lutte contre le changement climatique, la protection de l'environnement dans le monde. Et maintenant, je voudrais vous fournir des chiffres sur la situation de la Chine dans l'échiquier de la production et de l’émission de carbone dans le monde aujourd'hui. 

Le premier chiffre c’est de 1900 à 2020, en 120 ans, les États-Unis ont fait des émissions de plus de 400 Milliards de tonnes de CO2. L’Union européenne, avec ces 27 pays membres, a fait plus de 275 Milliards de tonnes. La Chine, 230 Milliards de tonnes. 

Deuxième chiffre, de 1900 à 2020, l’émission par tête. Aux États-Unis, c’est 2025 tonnes CO2 par personne. L’Union européenne, avec 27 pays membres, 713 tonnes. La Chine, 190 tonnes. 

Troisième groupe de chiffre, c’est l’émission par pays actuellement. Par exemple, si la Chine c’est 100, les États-Unis sont 52, l’Union européenne 30. C'est vraiment la Chine qui a fait le plus d'émission de CO2 par pays. Mais il faut prendre en compte la population. 

Et quatrième groupe de chiffres, maintenant c’est une période plus courte, c’est à partir de 2016 à 2020. L’émission par personne entre 2016 à 2020. États-Unis, c'est 15,9 tonnes CO2 pendant 5 ans. L'Union européenne 6,6, la Chine 7.2, un peu plus que l’Union européenne. 

C'est la réalité actuelle. Donc on peut réfléchir sur ces quatre groupes de chiffres. Actuellement, la Chine a fait des émissions effectivement plus que l’Union européenne, mais beaucoup moins que les États-Unis, tant au niveau total, qu’au chiffre par personne. Si on considère les émissions historiques, alors la Chine est beaucoup moins que les Etats-Unis et l'Europe. D'ailleurs, la Chine, le peuple chinois a le droit de se développer et de poursuivre une meilleure vie. Et d'ailleurs, le gouvernement chinois a fait le plus d'efforts pour réduire d'autres émissions. Sans ces efforts, l’émission de la Chine sera encore beaucoup haute. Le gouvernement chinois s'est déjà engagé à atteindre le pic d’émissions en 2030 et parvenir à la neutralité carbone en 2060. Ce à quoi nous nous engageons, nous le réaliseront certainement. 

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