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Il est temps d’en finir avec le jeu du « protectionnisme vert »
2023-08-10 20:58

Ces dernières années, nous assistons à un phénomène étrange dans la gouvernance mondiale de l’environnement et du climat : certains pays, d’un côté, parlent avec grandiloquence du bas-carbone et s’érigent en « sauveurs de la planète » ; mais de l’autre côté, ils font le contraire de ce qu’ils disent, pratiquent le protectionnisme au nom de l’écologie et entravent la transition mondiale vers le bas-carbone. On peut constater deux types majeurs de « protectionnisme vert » : soit des mesures à la frontière, comme les fameuses « taxes carbone aux frontières » ; soit des mesures post-frontière, telles que des allègements fiscaux discriminatoires visant à stimuler les industries vertes locales et des subventions d’achat exclusives pour protéger les industries locales des véhicules électriques. S’affichant toujours avec un air moraliste, ces pays ne manquent pas la moindre occasion pour discourir sur les règles, les normes, l’économie de marché, l’équité et la justice pour se justifier. Cependant, quel est le vrai visage du « protectionnisme vert » ?

D’abord, le « protectionnisme vert » est une barrière commerciale qui ne dit pas son nom. Comment peut-il prétendre se rapporter aux règles et aux normes ? Le traitement national et le traitement de la nation la plus favorisée sont deux principes fondamentaux de l’OMC, le premier exigeant que les membres traitent les produits importés comme ils traitent les leurs, et le second imposant l’équité de traitement entre tous les membres sans discrimination. Or, que ce soit les « taxes carbone aux frontières », prélevées en fonction des émissions de carbone des produits importés, ou les subventions discriminatoires accordées aux industries vertes, qui sont directement indexées sur la production locale, elles ont pour effet ultime de rejeter les produits étrangers et d’ériger des « barrières vertes ». Ces mesures violent de manière flagrante les principes de l’OMC, percutent gravement le système commercial multilatéral, perturbent l’ordre économique et commercial international, compromettent la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales de l’industrie verte, et vont à l’encontre des efforts collectifs de la communauté internationale contre le changement climatique. Si règles et normes il y a, ce sont des « règles de la loi de la jungle » et des normes « deux poids deux mesures ».

Ensuite, le « protectionnisme vert » est une concurrence déloyale sous couvert d’écologie. Comment peut-il prétendre se rapporter à l’économie de marché ? Tous les pays veulent prendre le train de l’économie verte, un secteur d’avenir. Toutefois, les pays développés, qui disposent déjà d’avantages technologiques et financiers, élèvent artificiellement le seuil d’accès à leur marché par des barrières technologiques, ce qui augmente les coûts de production dans les pays en développement et restreint les importations en provenance de ces pays. En outre, ils accordent des subventions vertigineuses génératrices de distorsions, qu’ils prétendent favorables à la transition verte, pour s’approprier des avantages concurrentiels indus pour leurs entreprises, conduisant même à des « courses aux subventions » ou à une « course vers le fond », et réduisant ainsi l’espace de développement des industries des pays en développement. De telles pratiques visent à assujettir fermement les pays en développement aux maillons inférieurs de la chaîne de valeur mondiale, à consolider le modèle « centre-périphérie » des industries et des intérêts, et à priver les pays en développement du droit de s’enrichir et de réaliser la transformation et la montée en gamme de leurs industries. Dans un monde où sévissent ces pratiques de concurrence peu reluisantes, l’économie de marché n’a point de place.

Enfin, le « protectionnisme vert » est une « double exploitation » pure et simple. Comment peut-il prétendre se rapporter à l’équité et à la justice ? Dans l’architecture industrielle mondiale, les pays développés occupent les échelons moyens et supérieurs et empochent des profits élevés grâce à la technologie et au capital, tandis que les pays en développement, recevant les industries délocalisées des pays développés - très polluantes et à fortes émissions - touchent un argent durement gagné au prix de leurs ressources naturelles, environnementales et humaines. Le fait que les pays développés s’acquièrent les produits bon marché et propres des pays en développement au détriment de l’environnement écologique de ceux-ci constitue déjà une première exploitation. Et les voilà qui imposent une autre « taxe carbone » sur les importations en prétendant vouloir empêcher les « fuites de carbone » ! Sous ce joli nom, se cache une seconde exploitation, qui veut extorquer aux pays en développement jusqu’à leur dernier sou ! Il s’agit d’une véritable intimidation commerciale. Si les pays en développement doivent à la fois payer le prix des ressources et de l’environnement, et « régler les taxes » aux pays développés, à qui appartiennent l’équité et la justice ?! Les pays développés, en tant que consommateurs finaux, devront tout naturellement assumer la responsabilité des émissions de carbone dues à la production des marchandises importées et en payer les frais, au lieu de s’en défausser sur autrui !

Le « protectionnisme vert » est nuisible à tous points de vue à la cause mondiale de l’environnement et du climat. Non seulement il perturbe l’allocation des ressources du marché, restreint l’accès aux matériaux et équipements d’énergies propres à faible coût, réduit l’offre effective de produits et de services sur le marché local et augmente le coût de la transition verte, mais il entraîne également une baisse de l’efficacité de l’innovation technologique des secteurs concernés et porte atteinte au bien-être environnemental de toute l’humanité. Aucune tentative de justification ne peut effacer la nature hypocrite et égoïste du « protectionnisme vert », comme le dit la parole d’une chanson populaire chinoise : « Un boulet de charbon naît noir, même si vous le lavez, il reste sale ». Toute tentative d’imposer un « joug vert » aux pays en développement est dégradante, et tous les petits calculs de « faire d’une pierre plusieurs coups » sont voués à l’échec.

Les pays développés devront prendre au sérieux les intérêts et les voix des pays en développement, et agir réellement en faveur de la transition verte dans le monde. L’urgence, pour les pays développés, est d’observer strictement les principes des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, d’assumer la responsabilité de leurs propres émissions historiques et de la réduction des émissions en tant que consommateurs, de réduire en premier et massivement leurs émissions, de combler rapidement le déficit sur les 100 milliards de dollars qu’ils se sont engagés à verser chaque année au titre du financement climat, et de fournir plus de soutien aux pays vulnérables, au lieu de jouer le jeu du « protectionnisme vert ».


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