中文  
Le protectionnisme vert finira par protéger la rétrogradation
2023-09-26 22:47

Ces dernières années, devant le développement remarquable et remarqué de l’industrie chinoise des véhicules électriques, des inquiétudes s’élèvent en Europe, où foisonnent toujours les constructeurs automobiles traditionnels. Afin d’empêcher la concurrence chinoise, l’Union européenne n’a pas attendu pour lancer son offensive, annonçant ces derniers jours le lancement imminent d’une enquête antisubvention. À en croire l’argument européen, le gouvernement chinois aurait soutenu les véhicules électriques chinois « à bas prix » par une variété de subventions massives couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur pour que ceux-ci inondent le marché mondial, ce qui constitue une distorsion de concurrence contre l’Europe. 

Cependant, la réalité est que l’Europe pratique du protectionnisme vert sous le couvert de la « concurrence loyale ». 

En effet, l’ampleur des subventions chinoises est bien inférieure à celle des États-Unis et de l’Europe. Le gouvernement chinois a commencé à développer l’industrie des véhicules à énergies nouvelles au début des années 1990, et y a apporté du soutien politique et financier au cours des 30 dernières années, avec toutefois un montant total limité. Cependant, s’appuyant sur des données du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) des États-Unis, la partie européenne prétend que la Chine a déboursé 60 milliards de dollars de subventions publiques pour le développement des véhicules électriques entre 2009 et 2019. Sans remettre en question à quel point ce calcul qui saisit la moindre chose qui s’y rapporte est grossier, ce montant est loin d’être « énorme » comparé aux 430 milliards de dollars de la Loi sur la réduction de l’inflation (IRA) des États-Unis et aux 250 milliards d’euros du Plan industriel du Pacte vert de l’Union européenne. Il n’est pas non plus « généreux » si l’on regarde les milliards voire dizaines de milliards d’euros de subventions que l’Allemagne et la France sont prêtes à verser pour leurs derniers projets de méga-usines de batteries.

Les subventions chinoises sont justes, équitables et non discriminatoires. Que les fabricants et sous-traitants de véhicules électriques soient chinois ou étrangers, dès lors qu’ils respectent les normes en vigueur et qu’ils favorisent les économies d’énergie, la réduction des émissions et la transition verte, ils sont éligibles aux subventions. Ceci est évidemment plus conforme au principe de « concurrence loyale » que les dispositions discriminatoires et exclusives de l’IRA américain et du nouveau « bonus écologique » français qui sont explicitement en faveur des industries manufacturières nationales.

En plus, les véhicules électriques chinois ont déjà quitté l’« ère des subventions ». Dès 2015, nous avons signalé que les subventions seraient réduites d’année en année, et fin 2022, la politique de subvention à l’achat pour les véhicules à énergies nouvelles s’est complètement retirée. L’industrie chinoise des véhicules électriques s’est progressivement débarrassée de la « dépendance des subventions », passe d’un développement stimulé par les politiques à une croissance tirée par le marché, et entre désormais dans une nouvelle phase axée sur l’innovation et la qualité. En revanche, en Europe et aux États-Unis, qui se targuent d’une « concurrence libre », les vagues de subventions publiques massives en faveur des véhicules électriques se succèdent de plus belle.

D’ailleurs, les voitures électriques chinoises ne sont pas « à bas prix ». Quiconque a visité le salon de l’automobile de Munich sait que les marques chinoises ne sont pas bon marché : les deux modèles de BYD Seal coûtent respectivement 51 000 et 45 000 euros, la BYD Dolphin 38 000 euros et les Nio ET5 et ET7, 59 500 et 81 900 euros respectivement. Les marques chinoises se vendent généralement en Europe à un prix 1,5 à 2 fois supérieur au prix indicatif du marché chinois. L’avantage concurrentiel des véhicules électriques chinois ne réside pas dans leur « bas prix » « nourri par les subventions », mais dans l’innovation technologique et une chaîne industrielle et d’approvisionnement complète. De même, la popularité des marques chinoises découle du choix des consommateurs et du marché.

En se plaignant de la « distorsion du marché », l’Europe révèle sa « distorsion d’esprit ». Forts de leurs prix 20 à 25 % moins chers que les modèles européens, de leurs atouts technologiques ayant « une génération d’avance », et de leur part de marché qui a presque doublé en deux ans, les véhicules électriques chinois alarment et épouvantent l’Europe, notamment les constructeurs automobiles, qui redoutent de ne pouvoir rattraper et vaincre leurs concurrents chinois, et d’être privés de leur gagne-pain. Ainsi, prétendant vouloir « s’opposer à la concurrence déloyale » et « inverser la situation asymétrique », la Commission européenne utilise arbitrairement des outils économiques et commerciaux unilatéraux pour empêcher le développement des véhicules électriques chinois en Europe et augmenter leurs coûts d’exploitation, ce qui trahit précisément son déficit de confiance dans sa propre industrie automobile électrique. Cette approche de protectionnisme vert va à l’encontre des engagements de l’UE au sein de l’OMC.

Malheureusement, le protectionnisme finira par protéger la rétrogradation. Rappelons-nous que lorsque les voitures à carburant européennes et américaines dominaient le marché chinois, la Chine ne s’est jamais plainte de la « distorsion du marché », mais tirait plutôt les leçons de cette « honte » pour rattraper son retard de tous ses efforts, si bien qu’aujourd’hui, dans le domaine des véhicules électriques, elle a réussi un « dépassement en changeant de voie ». Au prix de la pollution générée en Chine par la production locale, l’industrie automobile électrique chinoise fait bénéficier aux consommateurs européens un excellent rapport qualité-prix et une conduite respectueuse de l’environnement, ce qui revient en fait à « subventionner » le Pacte vert européen. Pratiquer le protectionnisme vert contre les véhicules électriques chinois ne contribuera nullement à résoudre les problèmes fondamentaux de l’industrie européenne des véhicules électriques, mais portera plutôt atteinte aux droits et intérêts des consommateurs européens, retardera la transition verte de l’UE, et nuira à la coopération sino-européenne. Nous espérons que la partie européenne adoptera une attitude d’équité, de justice et de coopération gagnant-gagnant, et maintiendra le dialogue avec la partie chinoise pour résoudra adéquatement les questions liées aux véhicules électriques. 

Suggest To A Friend
  Print