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Allocution de l’Ambassadeur LU Shaye à la 3e édition des Rencontres économiques du Nouvel Institut Franco-Chinois
2023-12-03 01:14

Le 30 novembre 2023, l’Ambassadeur Lu Shaye a participé à la 3e édition des Rencontres économiques du Nouvel Institut Franco-Chinois. Voici l’intégralité de son allocution :

Monsieur le Président Thierry de La Tour d’Artaise,

Madame la Vice-Présidente Hélène Dromain,

Monsieur le Vice-Président GONG Haijie,

Mesdames et Messieurs,

Chers Amis,

J’ai le grand plaisir de participer aux Rencontres économiques d’aujourd’hui. En ce jour de l’ouverture de la COP28, où l’on fera le premier bilan mondial de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, j’aimerais vous faire le point des politiques et réalisations chinoises en matière de lutte contre le changement climatique et de transition bas-carbone, et de la coopération verte sino-française.

La Chine, le plus grand pays en développement, accomplit toujours activement les responsabilités internationales correspondant à ses conditions nationales, en appliquant une stratégie proactive contre le changement climatique et en favorisant la coopération internationale en la matière. Nous avons noté récemment deux voix dans l’opinion publique occidentale, l’une exhortant la Chine à l’atteinte à l’avance du pic des émissions de carbone, et l’autre, au financement du fonds « pertes et dommages ».

La Chine poursuit une vision climatique globale, scientifique et responsable. Pour nous, l’adaptation et l’atténuation sont d’importance égale pour répondre au changement climatique, le financement et la technologie sont tous indispensables pour aider les pays en développement, et la gouvernance mondiale climatique doit observer le principe des responsabilités communes mais différenciées et celui des capacités respectives. Nous avons défini l’objectif d’atteindre le pic d’émission avant 2030 et la neutralité carbone avant 2060, dans l’ambition de réaliser la plus importante réduction en intensité carbone et le passage le plus rapide de l’atteinte du pic carbone à la neutralité carbone. C’est une décision stratégique majeure résultant d’une mûre réflexion, et le maximum que nous pouvons faire compte tenu des réalités et capacités chinoises. Alors que les émissions cumulées per capita en Chine ne représentent qu’un huitième de celles des États-Unis et un quart de celles des pays de l’OCDE, on s’efforce toujours d’économiser plus et d’émettre moins, et on ne fait que des plans réalisables. Nous honorons certainement nos engagements, mais nous ne promettons jamais rien qui dépasse la limite de nos conditions et capacités.

La Chine est un pays d’action en faveur du développement vert. Fidèles à l’idée que la Nature est la source de toutes nos richesses, nous avons inscrit dans la Constitution la notion de la civilisation écologique, fait de la coexistence harmonieuse Homme-Nature une caractéristique importante de la modernisation à la chinoise, et mobilisé toute la société pour la transition verte et le développement bas-carbone, afin d’apporter la contribution chinoise à l’avènement d’un monde propre et beau.

Premièrement, nous avons restructuré le mix énergétique, en privilégiant les énergies propres. Jusqu’en juin dernier, la capacité installée d’énergies renouvelables en Chine a franchi le cap de 1 300 gigawatts, dépassant pour la première fois dans l’histoire celle du charbon pour occuper plus d’un tiers de la production mondiale. L’hydraulique, l’éolien, le solaire, la biomasse et les réacteurs nucléaires en construction demeurent, en terme de puissance installée, au premier rang mondial. Et pour la première fois depuis 20 ans, la part du pétrole et du gaz naturel se réduit dans le parc énergétique chinois.

La Chine est désormais un stabilisateur des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales de l’énergie propre. Nous produisons plus de 70 % de modules photovoltaïques et de composants éoliens clés sur le marché mondial, et en 2022, nos produits exportés ont permis de réduire de près de 600 millions de tonnes de CO2 dans les autres pays. Depuis huit ans consécutifs, la Chine produit et vend le plus de véhicules à énergies nouvelles, et en possède la moitié du parc mondial. Les véhicules électriques, les batteries au lithium et les cellules solaires représentent désormais les nouveaux pôles de croissance étayant la forte résilience de l’économie chinoise, en pleine transformation vers un développement de haute qualité.

Deuxièmement, les Chinois se convertissent de plus en plus à l’écologie, et la transition bas-carbone a obtenu des résultats remarquables. Depuis 2012, nous avons réalisé une croissance économique de plus de 6 % par an sur la base d’une consommation d’énergie qui croît de 3% par an, réduit de 34,4 % les émissions de CO2 par unité de PIB, et de 26,4 %, la consommation énergétique, soit 1,4 milliard de tonnes d’équivalent charbon et près de 3 milliards de tonnes d’émission de CO2 de moins.

En dix ans, la Chine a reboisé 64 millions d’hectares de terre, soit la superficie de la France avec ses provinces et territoires d’Outre-mer. Aujourd’hui, un quart du reboisement dans le monde se trouve en Chine.Alors que Londres avait mis 30 ans pour se débarrasser définitivement du Grand Smog, la Chine a sorti ses villes de la liste des dix plus polluées du monde en seulement 10 ans, ayant réussi à réduire en 7 ans la pollution de l’air comparable à celle réduite en 30 ans par les États-Unis.

Vivre vert est très à la mode en Chine. Des sites des JO d’hiver de Beijing, les premiers dans l’histoire à être alimentés en électricité verte, à la réduction des colis doublement emballés de plus de 90%, en passant par l’économie de partage et les achats-ventes d’occasion en plein essor, les Chinois sont nettement plus sensibles à l’économie d’énergie et à la décarbonation.

Troisièmement, nous avons tenu la promesse de construire ensemble une planète verte, et nous n’avons jamais été absents de l’agenda climatique. Par une participation constructive à la gouvernance climatique multilatérale, nous avons apporté une contribution historique à la conclusion, à l’entrée en vigueur et à la mise en œuvre de l’Accord de Paris, et nous avons accueilli avec succès la COP15 sur la diversité biologique.

En 2021, nous avons annoncé l’arrêt de construction à l’étranger de nouveaux projets de centrale au charbon, ce qui, selon l’organisation indépendante de recherche CREA (Centre for Research on Energy and Clean Air), a permis de réduire 4,1 milliards de tonnes d’émission de carbone rien qu’entre septembre 2022 et juillet 2023. Dans le cadre de la coopération Sud-Sud, nous avons, en faveur des autres pays en développement, bâti 10 zones de démonstration bas-carbone, lancé 100 projets d’atténuation et d’adaptation, et offert 1 000 places de formation contre le changement climatique. Dans le cadre de l’Initiative « Ceinture et Route », nous avons créé la Coalition internationale pour le développement vert et développé avec plus de 100 pays et territoires des projets d’énergie verte, avec un investissement désormais plus important dans l’énergie verte que dans l’énergie traditionnelle dans les pays partenaires. La centrale photovoltaïque à Al Kharsaah, construite par une entreprise chinoise, a largement contribué à la Coupe du monde « neutre en carbone » au Qatar, devenue un nouveau projet phare de la « Ceinture et Route » verte. 

Mesdames et Messieurs,

Chers Amis,

La coopération verte sino-française a une portée mondiale dépassant le cadre bilatéral. Dans un monde en pleine mutation, la Chine et la France, sources de synergie verte animées d’ambitions vertes, portent haut levé l’étendard du développement vert dans le monde.

La Chine et la France partagent des idéaux et orientations similaires. Le développement vert fait partie de notre langage commun. Les Chinois préconisent l’unité Homme-Ciel et vénèrent la loi de la Nature. Et Victor Hugo disait : « C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas ». Ces dernières années, les sujets écologiques reviennent régulièrement dans les échanges entre les chefs d’État chinois et français, qui ont porté le développement vert et la coopération verte à une hauteur stratégique.

La coopération sino-française est fructueuse et prometteuse. Nous ne saurons jamais oublier l’aide française qui avait donné naissance au nucléaire civil chinois, ni le succès des projets sino-français comme l’initiative « partenariat pour la fabrication verte » et l’éco-ville de Wuhan. Dans l’avenir, avec la construction conjointe du centre de la neutralité carbone, qui a été inauguré ensemble par les Ministres chinois et français des affaires étrangères lors de la visite de Madame le Ministre Colonna en Chine, le soutien commun aux pays en développement dans leur transition énergétique et climatique, et d’autres consensus inscrits dans la déclaration conjointe sino-française, les relations entre nos deux pays s’offriront de plus beaux chapitres pour un avenir vert.

J’ai donc trois propositions à faire : Une, profiter de la transition verte en cours dans nos deux pays pour créer un environnement propice à la coopération scientifique et industrielle sur les véhicules électriques, la décarbonation numérique et la finance verte, selon les principe de l’équité, de la justice et de la non-discrimination. Deux, coordonner les initiatives et plans verts chinois et français pour valoriser pleinement la complémentarité et explorer davantage de possibilités de coopération verte sur les marchés tiers. Et trois, injecter de l’énergie positive et proposer de nouvelles solutions à la transition verte et à la réponse au changement climatique dans le monde, en défendant la justice et en surmontant les divergences, pour construire conjointement un système de la gouvernance mondiale climatique juste et raisonnable. 

Je vous remercie.

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