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Allocution de l’Ambassadeur LU Shaye à la cérémonie de commémoration du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et la France
2024-01-28 23:45

Allocution de l’Ambassadeur LU Shaye à la cérémonie de commémoration du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et la France

(Colombey-les-Deux-Églises, 27 janvier 2024)

Monsieur le président du Conseil départemental,

Monsieur le maire,

Messieurs les sénateurs,

Madame Nathalie de Gaulle,

Mesdames et Messieurs, Chers amis,

Il y a 60 ans aujourd’hui, le président Mao Zedong et le général Charles de Gaulle, forts de leur vision stratégique hors du commun, ont pris la décision historique d’établir des relations diplomatiques au niveau d’ambassadeurs entre la Chine et la France, brisant ainsi la glace de la guerre froide et franchissant le fossé entre les blocs. Comme le disent les Chinois, « Quand on boit de l’eau, il faut penser à ceux qui ont creusé le puits ». En cet anniversaire jour pour jour des relations diplomatiques sino-françaises, il est particulièrement pertinent et significatif pour nous de nous réunir au Mémorial Charles de Gaulle, ici à Colombey-les-Deux-Églises, pour honorer la mémoire de ce grand homme.

Le général de Gaulle fut sans aucun doute un représentant exceptionnel de la nation française, et c’est aussi le Français le mieux connu et le plus respecté des Chinois. Le peuple chinois garde toujours un vibrant souvenir de la contribution pionnière et historique qu’il a apportée aux relations sino-françaises, comme en témoignent les nombreux touristes chinois qui viennent visiter Colombey-les-Deux-Églises.

La grandeur d’un grand homme ne réside pas seulement dans les réalisations de son vivant, mais aussi et surtout dans l’héritage spirituel qu’il laisse aux générations futures. Au fil des décennies, le gaullisme est devenu un emblème important des valeurs de la France, gravé dans l’âme des générations de Français. De plus en plus d’hommes politiques français se considèrent comme « gaullistes », et un nombre croissant de Français redécouvrent et reconnaissent le général de Gaulle.

Si le gaullisme recouvre de nombreuses définitions, le cœur de son esprit est incontestablement celui d’indépendance. Aux temps meurtriers de la guerre, le général de Gaulle a fermement défendu l’indépendance et la dignité de la nation française avec une volonté indomptable et une conviction inébranlable. Dans l’ère de l’après-guerre, où les grandes puissances se disputaient le pouvoir, la stratégie d’autonomie nationale et la politique étrangère d’indépendance défendues par le général de Gaulle ont jeté des bases solides permettant à la France de relancer son économie et de retrouver son statut international. Et il y a 60 ans, c’était aussi dans l’esprit d’indépendance que le général de Gaulle a tendu la main de l’amitié à la Chine, résistant aux pressions du bloc occidental et notamment des Etats-Unis. Il a déclaré ouvertement, je cite, « la France doit pouvoir entendre directement la Chine et aussi s’en faire écouter », « tôt ou tard, certains gouvernements, qui se réservent encore, jugeront bon de suivre l’exemple de la France ». Ce courage, cette audace et cette perspicacité du général de Gaulle sont aujourd’hui encore admirés de par le monde.

L’indépendance est aussi le caractère commun des deux grandes nations que sont la Chine et la France. Au lendemain de l’annonce de l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises en 1964, le journal Le Monde titrait son éditorial « Rencontre de deux indépendances ». Et à la célébration du cinquantenaire de nos relations en 2014, le président Xi Jinping a résumé l’engagement initial de la Chine et de la France par ces mots suivants : « indépendance, compréhension mutuelle, clairvoyance, bénéfice mutuel et gagnant-gagnant », en plaçant l’indépendance au premier plan. En effet, depuis de longues années, la Chine et la France se sont toujours attachées à une politique étrangère d’indépendance, en se gardant du suivisme et en refusant de se laisser entraîner par le tourbillon du monde. Nos deux pays se sont engagés à réaliser un développement commun par une coopération mutuellement bénéfique, à promouvoir le dialogue intercivilisationnel par des échanges d’égal à égal, et à relever les défis planétaires par une concertation multilatérale. Cela a non seulement profité à nos deux pays et à nos deux peuples, mais également joué un rôle majeur dans la sauvegarde de la paix et de la stabilité du monde, dans la promotion d’un monde multipolaire et dans la démocratisation des relations internationales.

60 ans se sont écoulés, le monde a beaucoup changé, la France et la Chine aussi. Cependant, au lieu de perdre de leur valeur, le gaullisme et aussi l’engagement initial pris lors de l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises regorgent toujours de vitalité et sont d’une actualité saillante. Comme l’a dit le président Xi Jinping, « Ensemble, la Chine et la France peuvent changer le monde ». Face à une situation internationale mouvementée, la Chine et la France devraient rester fidèles à leur engagement initial, avancer main dans la main, et faire preuve de sens de responsabilité en tant que grands pays, afin de faire entendre la voix forte de notre temps. 

D’abord, la voix de la paix. Le monde d’aujourd’hui est entré dans une nouvelle période de turbulences : la crise de l’Ukraine perdure, le conflit israélo-palestinien se déchaîne, les points chauds régionaux se succèdent, et la confrontation entre grandes puissances gagne en intensité. Dans ce contexte, la Chine et la France, membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations unies, ont la responsabilité de travailler sans équivoque à défendre le développement pacifique et rejeter l’affrontement, à préconiser le multilatéralisme et rejeter la politique des blocs, et à faire valoir l’équité et la justice et rejeter l’hégémonisme et l’intimidation. Il faudrait appeler au règlement des conflits par des moyens politiques et diplomatiques, et apporter une contribution sino-française à l’avènement d’un monde multipolaire égal et ordonné.

Ensuite, faire entendre la voix de la coopération. Malgré les multiples défis planétaires et une croissance mondiale atone, certains pays se murent toujours dans la mentalité de la guerre froide et la politique du plus fort, et forcent le « découplage » et le « dérisquage », perturbant la sécurité et la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement internationales, et entravant la reprise économique mondiale. Or, nous sommes depuis toujours convaincus que face aux défis, la coopération reste la seule solution, et l’absence de coopération représente le plus grand risque. La Chine et la France ont la responsabilité de travailler sans équivoque à défendre l’ouverture au lieu du « découplage », à préconiser la coopération gagnant-gagnant au lieu du « jeu à somme nulle », de sorte à promouvoir une mondialisation économique inclusive et bénéfique à tous.

Enfin, faire entendre la voix du dialogue. La Chine et la France ont toutes deux une longue histoire et une culture splendide, préconisent toutes deux l’enrichissement mutuel entre les civilisations, et s’opposent toutes deux à la « théorie du choc des civilisations » et à la « supériorité de certaines civilisations sur d’autres ». 2024 marque aussi l’Année sino-française du tourisme culturel. Dans ce cadre, de nombreux événements de célébration seront organisés en France comme en Chine, et des mesures de facilitation de visas ont été annoncées de part et d’autre. Nous espérons que les Chinois et les Français multiplieront leurs dialogues et leurs visites mutuelles, pour découvrir le charme de la culture de l’autre, accroître leur compréhension mutuelle et leur amitié, de manière à donner l’exemple d’une interaction bienveillante et d’une coexistence harmonieuse entre différentes civilisations du monde.

Mesdames et Messieurs, chers amis,

Dans la culture traditionnelle chinoise, tous les 60 ans forment un cycle complet qui symbolise l’achèvement heureux du passé, mais aussi et surtout un nouveau départ. Ainsi, sur ce nouveau point de départ historique, nous espérons travailler avec les personnalités de tous horizons en France, pour hériter de la précieuse richesse léguée par le président Mao Zedong et le général Charles de Gaulle, mettre en œuvre l’important consensus dégagé par les chefs d’État de nos deux pays, et maintenir le cap d’un partenariat global stratégique sino-français stable, mutuellement bénéfique, entreprenant et dynamique, pour qu’il entre dans un prochain cycle de 60 ans encore plus glorieux, au service de la paix, de la stabilité et du développement dans le monde. Je vous remercie.

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