L’OTAN, ce « zombie de la guerre froide », sème encore la zizanie. Elle a reproché à la Chine, à l’occasion de son Sommet 2024 du 9 au 11 juillet, de jouer un « rôle déterminant » dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine et de faire peser des « défis systémiques » sur la sécurité euro-atlantique, alors que la Chine se trouve à des dizaines de milliers de kilomètres de la zone de défense de ce bloc militaire.
L’OTAN a été fondée pour confronter l’URSS. Mais plus de 30 ans après la disparition de son adversaire, l’OTAN reste toujours là, et est de plus passée d’une organisation défensive à un bloc militaire offensif, pour montrer ses dents et ses griffes et semer les troubles partout dans le monde entier. Dans les guerres, du bombardement sur la Yougoslavie à l’invasion en Afghanistan, en passant par celles en Iraq, en Libye et en Syrie, qui ont conduit à la destruction du pays et des vies humaines, en existe-t-il même une qui est menée sans l’intervention de l’OTAN ? Et aujourd’hui, l’OTAN est impliquée dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine. 32 pays ont uni leurs forces pour combattre un seul, sans succès, et ils accusent maintenant la Chine d’avoir secrètement soutenu la Russie. N’est-ce pas ridicule ?
Si vous n’arrivez pas à l'emporter sur la Russie, en quoi cela regarde la Chine, qui n’ajoute pas de l’huile sur le feu, ni ne fournit d’armes non plus. La Chine ne fait que promouvoir la paix et encourager la négociation. Quant à l’OTAN, qu’avez-vous fait en même temps? Vous n’en avez vraiment pas la moindre idée ? Si vous n’aviez pas alimenté le conflit, il aurait pu terminer deux mois après son éclatement.
Suite à la dislocation de l'Union soviétique, l'OTAN aurait dû se dissoudre plutôt que de continuer à exister au rebours du courant historique marqué par la paix et le développement. L’OTAN aurait dû se contenter de rester tranquillement dans l’Atlantique du Nord pour jouer son rôle du « gardien de l’Europe ». Mais aujourd’hui, bien au contraire, elle étend ses tentacules jusqu'en Asie-Pacifique. Vous vous prenez pour le gendarme du monde omnipotent, mais qui vous prend vraiment au sérieux ?
Tout le monde sait que les États-Unis cherchent à favoriser ses propres intérêts au nom de l’OTAN. Depuis la naissance de l’OTAN, les États-Unis tiennent fermement la direction de l’OTAN entre ses mains. Par le biais du mécanisme de l’OTAN, les États-Unis ont installé des bases militaires et déployé des troupes dans des pays de l'Europe occidentale afin de les contrôler. Après la guerre froide, les États-Unis ont même transformé l’OTAN en un outil de l’hégémonie mondiale à travers cinq cycles d’expansion vers l’Est de cette dernière. En provoquant le conflit entre la Russie et l’Ukraine, les États-Unis ont arrimé plus solidement l’Europe à leur bord dans l’espoir d'en faire un fidèle lieutenant pour défendre son hégémonie mondiale. De nombreux dirigeants des États membres de l’OTAN en sont bien conscients en réalité.
Actuellement, la campagne de l'élection présidentielle américaine est tendue. L’incertitude de la réélection de Biden et l’éventualité d'un retour de Trump jettent une ombre sur l'OTAN. M. Trump avait qualifié l'OTAN d’obsolète et menacé de la quitter. Plus récemment, il a déclaré qu’il laisserait la Russie à « faire ce qu'elle veut » avec les membres de l'OTAN qui ne contribuent pas assez à l’Alliance. Si Trump est élu, ce sera un cauchemar pour les alliés européens de l'OTAN, et certains parmi eux ont même déjà commencé à explorer d'autres solutions en coulisses. Ce sommet de l'OTAN a mis l'accent sur l' « unité » et la « cohésion », ce qui a plutôt un effet inverse pour démontrer ses divergences internes. « L’arbre s’écroule et les singes détalent ». La phrase est bien dite.
Pour prolonger sa vie, l'OTAN joue la "carte chinoise", en se pivotant vers l’Orient avec l'Asie-Pacifique dans son collimateur. Toutefois, cette manœuvre risque de ne pas fonctionner. Les membres de l'OTAN qui ont des intérêts différents ne partagent pas une position commune sur les questions liées à la Chine. Par exemple, l'OTAN avait tenté d'ouvrir un bureau de liaison à Tokyo au Japon, qui servirait de plate-forme pour faciliter sa coopération avec les alliés « indo-pacifiques » des États-Unis. Ce projet n’a toujours pas avancé en raison de l'objection de certains membres de l’Alliance. Le président français Emmanuel Macron a été clair : L’Otan, c'est pour l'Atlantique Nord, et elle n'a pas de mission de ce type dans la région Asie-Pacifique.
En fait, pour les pays européens, un pivotement de l’OTAN vers l'Asie-Pacifique, n’est qu’une énième duperie des États-Unis envers l'Europe, une réorientation stratégique vers l'Orient version 2.0, que les États-Unis poursuivent depuis plus d'une décennie et que l'Europe déteste le plus. Les États-Unis non seulement projettent leurs propres forces vers l'Asie-Pacifique, mais aussi demandent à leurs alliés européens de vider leurs arsenaux et de transférer leurs moyens militaires déjà très piètres vers l'Asie-Pacifique pour aider les américains à affronter la Chine. Dans ce cas, non seulement la sécurité de l'Europe n'est pas mieux garantie, mais la Chine est également et erronément érigée comme un ennemi, ce qui risque de faire perdre à l’Europe des centaines de milliards de dollars de bénéfices économiques chaque année. Si ce « pivotement » se réalise, l’Europe commettra une nouvelle sottise suite à l’implication dans la crise ukrainienne, comme illustre une expression chinoise « se faire exploiter mais aider encore les exploiteurs à compter leurs sous ».
Néanmoins, cette manœuvre de l’OTAN n'est pas quelque chose d’important pour la Chine. Les forces militaires des alliés européens de l'OTAN sont dans un état déplorable, au point qu'elles ne parviennent pas à faire le poids même si elles sont toutes combinées. Ces alliés ne peuvent servir que de la chair à canon ou de la matière première aux États-Unis, pour finir par une économie ruinée, une sécurité compromise avec voire des pertes humaines. Quant aux États-Unis, ils peuvent continuer à jouir de leur hégémonie à l'autre côté de l'Atlantique.
En attisant le conflit entre la Russie et l'Ukraine, les États-Unis ont gagné une fois de leurs alliés européens. Si le pivotement de l'OTAN vers l'Asie-Pacifique voit le jour, les américains gagneront encore une fois envers leurs alliés européens. C’est ça la quintessence des relations « gagnant-gagnant » entre les États-Unis et leurs alliés. Comme disait une phrase : « Être l’ennemi des États-Unis est dangereux, être leur allié est mortel ».