Récemment, Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain, et Antony Blinken, secrétaire d’État américain, se sont remis à parler de la « surcapacité chinoise », prétendant que les nombreuses politiques que la Chine vient d’adopter ne comprennent pas, comme le souhaitaient les États-Unis, de mesures fortes pour augmenter considérablement la consommation sur le marché intérieur afin d’absorber sa « surcapacité » et de « réduire la menace croissante d’une surcapacité mondiale ». Quelle déception pour eux...
Des investisseurs étrangers partagent également cette déception. Ils doutent que la Chine ne souhaite pas déployer plus de ressources budgétaires pour redresser rapidement la situation économique, estimant que les politiques actuelles de la Chine visent davantage à réduire les risques qu’à stimuler plus de secteurs économiques dans un court terme. Certains se disent même « trompés », car ils ont cru en discours de certains experts chinois sur les mesures de stimulation, c’est-à-dire une injection massive sur le marché de 10 000 milliards de yuan RMB.
Ces critiques reposent sur un fondement théorique pas très solide, selon lequel la Chine, pour se moderniser, doit se tourner plus vers le développement du secteur tertiaire, au lieu de s’obstiner à renforcer sa base industrielle et à réaliser une plus grande productivité. J.P. Morgan avertit que « les responsables chinois doivent comprendre que la productivité d’une économie moderne ne vient pas uniquement de l’industrie manufacturière, mais également du secteur des services » et appelle la Chine à intensifier son soutien au secteur des services.
L’idée que se font ces institutions étrangères du secteur des services semble de l’époque où la Banque mondiale faisait des diagnostics pour l’économie chinoise, il y a une dizaine d’années. L’institution proposé à la Chine de faire comme les pays occidentaux, c’est-à-dire renforcer la part des services dans l’économie et en faire la clé du développement économique. Mais le secteur tertiaire ne se limite pas simplement aux restaurants, aux salons de coiffure ou aux autres services dans la vie courante, il comprend également des services à la production, tels R&D, appui technique, logistique, transport, stockage, livraison, communications, services financiers, économie d’énergie, protection de l’environnement, commerce de gros, ressources humaines, services intermédiaires, etc. Ces services sont indispensables à l’économie réelle, et se sont détachés du secteur manufacturier à mesure des progrès technologiques et de la spécialisation sectorielle pour devenir la partie la plus rentable du secteur tertiaire. Ils forment aujourd’hui le socle des économies occidentales et le garanti puissant de la vie facile et aisée des Occidentaux, car les industries manufacturières, à faible marge de bénéfice et à forte intensité de main-d’œuvre, sont délocalisées vers les pays en développement, y compris la Chine.
Aujourd’hui, les pays occidentaux reprochent à la Chine la « surcapacité » et « le non-développement du secteur des services ». Mais ils laisseront vraiment la Chine de développer des services à la production compétitifs ? Huawei, dont la montée sur la scène internationale illustre la valeur du secteur chinois des services à la production, n’a-t-il pas été endigué et boycotté par les États-Unis et leurs alliés ? Les Américains accusent constamment la Chine de « surcapacité » , mais ils ne se plaignent jamais que la Chine produise trop de chemises bon marché. Ils concentrent leurs attaques précisément sur les voitures électriques, les batteries, le photovoltaïque et l’énergie éolienne chinois, qui représentent l’avenir et sont plus avancés. Car ils sont bien conscients que la Chine est en mesure de rabaisser le prix de ces biens et services coûteux grâce à une offre massive, ce qui empêcherait l’Occident de faire l’argent facile. C'est pourquoi ils font tout leur possible pour dénigrer la fabrication chinoise et fabriquer la « théorie de la surcapacité chinoise ».
Sur les plus de 8 milliards d’habitants dans le monde, seuls moins de 3 milliards vivent dans la société industrielle. Cela signifie qu’il reste un immense potentiel de consommation non exploité parmi les plus de 5 milliards de personnes encore en quête d’une meilleure qualité de vie. Avec sa capacité actuelle, la machine chinoise, même si elle tourne à plein régime, aura mis vingt ans pour satisfaire cette demande, comment peut-on parler de surcapacité ? Au lieu de parler de la surcapacité chinoise, il est plus juste de constater que la Chine mène une lutte pour développer la capacité de production haut de gamme, avec un sens des responsabilités à la hauteur de sa taille, pour aider les nombreux pays en développement à se libérer du système d’exploitation dominé et contrôlé par l’Occident.
A la « théorie de la surcapacité » s’ajoutent aussi les discours sur la « déflation » et la « déscente en gamme de la consommation ». Mais ces arguments ne tiennent non plus la route. Prenons l’exemple des raisins "Sunshine Rose", de plus en plus consommés par les familles chinoises. En 2012, lorsque cette variété de raisin a été introduite du Japon, son prix était de deux à trois cents yuans RMB par livre, un prix qui coûtait les yeux de la tête pour les consommateurs chinois. Aujourd’hui, ces raisins se vendent à une dizaine de yuans, voire quelques yuans par livre, soit à peu près le même prix que les tomates. Ce changement est le résultat d’une augmentation rapide de la production de la variété, la superficie de la culture atteignant 80 000 hectares en à peine dix ans, entraînant naturellement une baisse des prix. Voyons, une personne a dépensé 600 yuans pour ces raisins en 2012 et ne dépense plus que 200 yuans maintenant, une baisse du prix et une augmentation de la quantité, c’est la descente en gamme ou la montée en gamme de la consommation ?
La Chine est le premier producteur et consommateur mondial. Le marché où la concurrence est la plus féroce dans le monde. Logiquement, toute marchandise se vend à un prix plus compétitif ici, tout comme des hirondelles, évoqués dans un poème classique chinois, qui « faisaient leurs nids dans la cour des nobles et qui finissaient par entrer dans les maisons des gens ordinaires ». Ceux qui sont mécontents ou mal à l’aise face à cette situation ne sont certainement pas les « gens ordinaires », mais plutôt les « nobles » de l’époque ancienne.
Dans un monde où 5 milliards de personnes vivent encore dans la pauvreté, ceux qui prônent la « surcapacité » sont à abandonner par l’Histoire. Ce que notre monde a de trop, ce sont les mensonges, ainsi que la pauvreté, les conflits et la guerre fabriqués par les États-Unis. Si les États-Unis sont vraiment préoccupés par le problème de la « surcapacité » dans le monde, ils feraient mieux de multiplier les actions en faveur de la paix mondiale et de la stabilité régionale, plutôt que de se livrer à des manœuvres malveillantes qui attisent les conflits et faire des autres pays du bétail à tondre. Ce n’est que lorsque la paix mondiale sera réellement établie et qu’un ordre international juste et ordonné sera instauré que tous les peuples pourront concentrer leurs efforts visant au développement, à une vie meilleure et ainsi créer une demande énorme. A ce moment-là, le problème de la « surcapacité » se résoudra d’elle-même.
(Cet article a été recomposé sur la base d’un article de Dashuxiangtan)